Fipa et SNCE tiennent leur AG à Lorient

Le 20/08/2024 à 17:00 par La rédaction

Les importateurs de produits aquatiques congelés doivent faire face à de nombreux enjeux. PDM vous les résume en sept points.

 

Près d’une quarantaine de participants s’étaient donné rendez-vous à Lorient le 6 juin 2024, pour l’assemblée générale de la Fipa (Fédération des importateurs de produits alimentaires) et du SNCE (Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et surgelés). « Notre profession est toujours en première ligne de tous les évènements qui frappent la planète », constate Stéphane Chertier, le président des deux instances. Celui qui est par ailleurs P-DG de Nordic Seafood France pointe une année 2023 « atypique, comme tous les ans depuis la crise sanitaire ». Et de multiples enjeux, face auxquels les professionnels entendent être proactifs.

 

1. Les températures et l’énergie

Transport et stockage de produits congelés impliquent des températures négatives… et des factures qui ont flambé en 2022-2023. Le projet Nextstep a pour objectif d’évaluer les conséquences sanitaires et organoleptiques ainsi que les gains énergétiques potentiels de températures de stockage supérieures à – 18 °C. La première étape pour obtenir un financement ANR a été validée, pour un début des essais prévu en octobre 2024 si le dossier est accepté. Prévu pour durer quatre ans, Nextstep a pour partenaires le SNCE, l’Inrae, l’Anses et Pact’Alim. Autre sujet : « La décarbonation, avec un objectif de – 35 % d’émissions de GES pour l’industrie en 2030, ce qui risque d’augmenter nos coûts de fonctionnement », souligne Stéphane Chertier.

 

2. La négociation des contingents tarifaires 2024-2026

Les contingents tarifaires pour les produits aquatiques sont négociés indépendamment des contingents agricoles et industriels. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine affecte désormais les échanges de produits de la mer, jusqu’ici « épargnés » (exceptés les crustacés et les œufs de poisson). Depuis le 1er janvier, les sanctions politiques prises par l’Europe contre la Russie et la Biélorussie ont entraîné la perte de la préférence tarifaire, notamment sur le colin d’Alaska russe et le cabillaud. « Nos actions de lobbying, au niveau français et européen, visent à expliquer le niveau de dépendance de la France à certaines espèces », indique Alexandre Bonneau, secrétaire général du SNCE. Si les professionnels n’ont pas obtenu l’abrogation de la disposition, ni des mesures compensatoires, le cycle de contingent a été porté à trois ans (2024-2026), ce qui offre une meilleure visibilité. « Le risque d’interdiction totale d’importation de produits aquatiques russes plane aujourd’hui sur nos têtes, cela sera sans doute un grand chantier pour notre profession si elle est mise en œuvre dans les mois à venir », s’inquiète Stéphane Chertier

 

3. L’étiquetage

Il reste un sujet de préoccupation important et celui qui revient le plus souvent parmi les questions posées au SNCE par ses adhérents. Les professionnels ont demandé un report de l’affichage environnemental pour les produits aquatiques, en particulier car il n’existe pas de consensus sur la méthode pour estimer le critère « ressources ».

 

4. Les douanes et problématiques d’importation

« Il arrive que des conteneurs soient bloqués aux postes de contrôle frontaliers (PCF). Le SNCE peut alors aider à évaluer la situation, en lien avec l’importateur et/ou le transitaire, voire solliciter un recours hiérarchique au Sivep central si la situation ne se débloque pas », explique Alexandre Bonneau. En 2023, les soucis concernaient surtout les produits « mixtes », pour lesquels il n’existait pas de certificat dédié. Les difficultés d’importation concernant les produits mixtes et composés sont toujours d’actualité en 2024. Des précisions étaient attendues cet été.

 

5. Les emballages

« La réglementation est toujours plus contraignante, notamment concernant les emballages – stratégie 3R*, filières REP** – avec une échéance de réduction de 20 % des emballages plastique à usage unique en 2025 », rappelle Stéphane Chertier. Un projet feuille de route sectorielle a été réalisé en commun avec Pact’Alim et France Filière Pêche et finalisé en juin 2023.

 

6. La qualité et les risques sanitaires

Outre la mutualisation des autocontrôles sur de multiples contaminants potentiels (dioxines, métaux lourds, etc.), l’émergence du risque pathogène Vibrio est suivie de près. En 2022, Vibrio vulnificus avait été retrouvé dans des crevettes crues congelées en provenance d’Équateur, du Viêtnam et du Venezuela. Depuis février 2023, une instruction technique autorise la possibilité de réaliser un traitement thermique. En parallèle, un contrôle renforcé a également été lancé à la suite du signalement par l’Espagne d’une souche (non pathogène) de Vibrio cholerae, toujours dans des crevettes.

 

7. Les fraudes

« Nous sommes particulièrement sensibles à la qualité et à la loyauté des produits mis sur le marché par nos adhérents », insiste le SNCE. Avec le laboratoire boulonnais PFI-Nouvelles Vagues (par ailleurs adhérent), le syndicat a mené l’étude Fraud’Filets permettant la détermination d’un indicateur de l’ajout d’eau dans les filets de dix espèces de poissons. Le SNCE suit par ailleurs les non-conformités H/P (humidité/protéine), signe d’un éventuel rajout d’eau. Les espèces scrutées à la loupe sur ce critère en 2024 sont la lotte de Chine (Lophius litulon), le rouget-barbet cinnabare (Parupeneus heptacanthus) et le saint-pierre (Zeus faber).

 

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

 

*3R « Réduire, réemployer, recycler »
**REP : responsabilité élargie des producteurs

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