Le coup est parti fin août avec l’interdiction d’importer des îles Féroé du hareng et du maquereau, quelles que soient leurs présentations. En parallèle, aucun navire pêchant dans les zones féringiennes ne peut rentrer dans les ports de l’Union européenne. La sanction des 28 suit les menaces consécutives au contentieux engagé depuis plusieurs années sur le partage des stocks atlantico-scandinaves. D’un côté, l’Union et la Norvège s’appuient sur un accord à long terme sur le hareng établi en 2007 entre les états côtiers (1) à partir d’avis scientifiques, et qui donnent 60 % du gâteau aux Norvégiens. En face, les Féroé, le plus petit détenteur avec 5 % du quota de hareng, mettent en avant une nouvelle distribution du poisson et son abondance dans leurs eaux pour augmenter leur part à 17 % en 2013. L’impossibilité de gérer le hareng en commun conduit au bras de fer actuel qui déborde largement sur le maquereau. Une espèce clé pour les Ecossais et les Irlandais, qui en leur temps, avaient tapé dans le stock bien au-delà des quotas autorisés.
Sanctions commerciales
Depuis 2010, les Féroé ainsi que l’Islande ont augmenté unilatéralement leurs quotas, arguant l’arrivée massive de maquereaux près de leurs côtes. Sur les 880 000 tonnes capturées l’an dernier en Atlantique, les Féroé et l’Islande ont augmenté leur part à 28 %, l’U.E. à 44 % et la Norvège est descendue à 20 %. Cette année, il n’y a pas eu d’accord de gestion du stock de maquereau d’Atlantique mais les captures devraient continuer à grimper sur fond de bagarres commerciales à l’export. Après les sanctions prises contre les Féroé, l’U.E. pointe son doigt sur l’Islande. Un jeu subtil de négociations pourrait alors amener les Islandais à lâcher du lest afin de pouvoir pêcher le poisson bleu dans les années à venir, hors de leurs zones habituelles. L’issue de la bataille dépend étroitement des nouveaux avis scientifiques sur l’évolution des stocks qui seront rendus cet automne. De nombreux observateurs s’accordent sur le fait que la ressource en maquereau est particulièrement abondante, au point de menacer les stocks de hareng ; situation contredite par une partie des scientifiques.
Hareng norvégien : la primeure dans l’U.E.
Sur le terrain du négoce international, à court terme, les Féroé perdent une part de marché importante en Europe. La moitié des ventes extérieures de maquereau et de hareng se destinaient jusqu’à présent à l’Union européenne. D’où la décision des Féringiens de demander l’arbitrage des Nations Unies. À l’inverse, le marché communautaire est assez peu sensible à la coupure de poisson bleu féringien. Et encore moins la France qui importe son maquereau congelé du Royaume-Uni ou d’Irlande. Tous types de maquereau confondus, l’U.E. assure 70 % de ses besoins grâce à ses captures. Le complément vient des Féroe et d’Islande mais essentiellement sur le maquereau entier congelé. Pour le hareng, l’autoapprovisionnement communautaire atteint 53 % et le complément à l’import vient en grande partie de deux pays : l’Islande et surtout la Norvège qui fournit 70 % du hareng entier et des filets congelés ainsi que 67 % des filets papillon (flaps) congelés. En tant que pays transformateurs et consommateurs, l’Allemagne, la Pologne et la Lituanie sont les principaux marchés cibles en Europe avec la Russie.
Quoi qu’il arrive, ce qui échappe au marché européen trouvera vite preneur en Chine, au Japon, en Russie ou en Afrique, de loin prioritaires pour les exportateurs de poisson bleu.
B.VAUDOUR
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