Parce que le report frauduleux sur des viandes moins chères peut se dupliquer aux poissons, toutes les filières animales sont sous surveillance renforcée en France. La direction des fraudes (DGCCRF) a programmé des contrôles ciblés sur tous les circuits de commercialisation, et des prélèvements inopinés d’ADN permettront de déterminer la véracité des espèces.
Un communiqué des syndicats de la DGCCRF souligne toutefois la difficulté d’assurer la protection des consommateurs à la suite de baisse d’effectifs et de la réorganisation des services. Malgré la diminution des moyens, les contrôles s’opèrent dans les entrepôts de produits de la mer. « Les vérifications portent aussi bien sur les espèces de poisson que sur les glaçages non compensés » noteJean Quinet, secrétaire générale du SNCE (1) qui souligne « l’importance des autocontrôles effectués en permanence par les entreprises ».
Outre-atlantique, une étude de l’ONG Oceania sortie en plein scandale de la viande de cheval, pointe une fraude massive sur la dénomination des poissons. Selon l’analyse ADN de 1 215 échantillons collectés entre 2010 et 2012, un tiers des poissons consommés aux États-Unis serait vendu sous une fausse identité. Les plus mal étiquetés sont les thons et le vivaneau.
Du côté des mauvais élèves, les sushis-bars se distinguent par le plus fort taux d’erreurs sur les espèces. La publication rappelle aussi la confusion classique du poisson sauvage avec celui d’élevage, moins coûteux ; comme ce panga vendu pour de la sole ou du mérou…
Face aux inquiétudes, le MSC a publié les résultats de sa campagne 2012 de test ADN validant la chaîne de garantie d’origine. Sur 381 échantillons de produits prélevés chez les détaillants et dans les restaurants, le taux d’erreur est inférieur à 1 % avec des confusions entre cabillaud de l’Atlantique et du Pacifique.
Ces tests menés depuis 2009 par le MSC concernent surtout les poissons blancs qui présentent un risque de substitution. L’ONG a réalisé une étude approfondie sur la chaîne d’approvisionnement du colin d’Alaska, transformé en Chine et expédié en Europe.
Sur 18 000 tonnes exportées par les USA, le croisement des données d’achat, de vente et de transformation de 68 usines chinoises avec les données des clients importateurs en Europe, ne révèle pas de substitutions formelles. « Même si des écarts dans les enregistrements indiquent qu’une substitution pourrait avoir eu lieu » note le MSC qui a fait part de ces recherches aux organismes de certification concernés afin qu’ils mènent des vérifications.
À Bruxelles, il est prévu de durcir les sanctions financières en cas de fraude alimentaire. Le renforcement des contrôles doit faire l’objet d’un paquet législatif présenté au printemps. Examiné ensuite par le Parlement européen et le Conseil, ce processus ne pourrait aboutir avant mai 2014 ; d’ici là…
B.VAUDOUR
(1) Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et surgelés