Après la crise majeure liée au norovirus lors des fêtes 2023, la filière craignait que le consommateur se détourne des huîtres pour la saison 2024. Mais les volumes tiennent et la confiance est renouée.
« À Noël, le consommateur est revenu, se réjouit Philippe Le Gal, président du CNC*. Nous avions fait un sondage fin septembre qui montrait que le problème des Français était d’abord le pouvoir d’achat et non une mauvaise perception sanitaire. Sur ce point, ils ont compris, grâce à nos efforts de communication, que la profession a pris le sujet norovirus à bras-le-corps. » Plus spécifiquement, pour Marennes Oléron, les premières retombées indiquent une baisse des volumes de vente de l’ordre de 5 %. « Nos adhérents n’ont pas fait une saison festive exceptionnelle mais bien meilleure que ce qui était attendu », résume Laurent Chiron, président du Groupement Qualité Huîtres Marennes Oléron. Thierry Hélie, président du comité régional de la conchyliculture de Normandie, affirme avec un sourire que « le consommateur est toujours plus avisé qu’on ne le croit ». Philippe Le Gal l’avait placé comme objectif ; Noël 2024 a été un Noël « sans malade » !
En revanche, c’est sur les prix que le bât blesse. « La GMS a négocié à la baisse, c’est une erreur, soupire Laurent Chiron. Les prix chutent depuis trois ans mais la consommation n’augmente pas. Aujourd’hui, les huîtres se vendent moins cher que nos coûts de production. » Même son de cloche en Normandie : « Je m’interroge sur la construction des marges. Le prix baisse plus vite pour le producteur qu’en magasin, où va la marge ? Les producteurs se font dépouiller. » Laurent Chiron constate également une baisse de prix chez les grossistes : « Ils ont payé moins cher que la GMS, ce qui n’est pas normal. » Pour Philippe Le Gal, ces prix en baisse s’expliquent par « un marché en berne en 2024 ».
Les professionnels se veulent optimistes pour 2025. Pour Marennes Oléron, « notre levier de croissance est à l’export, selon Laurent Chiron. Il faut élargir ce socle, la consommation française est en baisse ». En Normandie, après le succès de la toute nouvelle IGP arrivée pour les fêtes 2024, les perspectives sont également à l’export. Philippe Le Gal souhaite « continuer à renforcer notre système d’alerte pour éviter absolument toute fermeture ». Un amendement a été déposé dans le budget censuré de Michel Barnier pour aider les producteurs dans leur démarche d’assainissement des huîtres. « Nous sommes suspendus au vote du budget », se désole le représentant de la profession.
Vincent SCHUMENG
*Comité national de la conchyliculture