La deuxième criée bretonne est en travaux depuis septembre 2020 pour améliorer son efficacité énergétique et logistique, avec un changement du système de climatisation et une optimisation des lignes de tri.
Troisième criée française en volume (11 844 tonnes en 2020) et deuxième en valeur (48 millions d’euros en 2020), Le Guilvinec est une criée bretonne incontournable, connue et reconnue notamment pour sa langoustine vivante. La chambre de commerce et de l’industrie (CCI) du Finistère et le syndicat mixte des ports de pêche ont initié il y a un peu moins d’un an des travaux, pour d’une part améliorer l’efficacité énergétique de la criée, et d’autre part optimiser le tri et la distribution des caisses de criée. Le coût total des travaux s’élève à 10 millions d’euros.
Les travaux sur l’efficacité énergétique portent sur la production et la gestion du froid. Les systèmes d’évaporation et de climatisation vont être remis à neuf, l’isolation des bâtiments refaite de manière plus efficace, et la criée cloisonnée. En effet, la partie côtière et la partie hauturière de la criée n’étaient jusqu’ici pas séparées, et elles sont climatisées en même temps. Or, elles fonctionnent de manière différée, les débarques hauturières ayant lieu tôt le matin, et les débarques côtières plutôt dans l’après-midi. L’ensemble de la criée est donc climatisé alors que seulement la moitié de sa surface est utilisée. Le cloisonnement va permettre d’optimiser l’utilisation du froid et de réduire drastiquement les coûts.
Concernant la production de froid, un nouveau compresseur sera installé, utilisant de l’eau de mer et de l’ammoniac. La chaleur du compresseur sera réutilisée pour l’eau de lavage. La production de glace sera doublée (voire triplée en fonction de la suite des travaux), et le glaçage des bacs intégré aux lignes de tri et automatisé en fonction de la caisse grâce à une identification numérique de cette dernière. Par exemple, le glaçage de langoustines vivantes n’est pas le même que le glaçage de lieus noirs destinés à être surgelés.
Aux travaux d’efficacité énergétique s’ajoute l’optimisation des lignes de tri. Du côté des débarques côtières, une nouvelle ligne sera ajoutée, exclusivement pour la langoustine. Les caisses seront ensuite identifiées par un code bar avec toutes les infos (tri ETPQ, bateau, acheteur, etc.), et distribuées aux acheteurs automatiquement par un système de carrousel avec un allotissement en bout de chaîne. Le glaçage des bacs sera automatisé. À terme, la criée souhaite automatiser la vente de 40 % des volumes. Du côté hauturier, une première ligne dédiée au glaçage sera installée, où chaque caisse sera dépilée, glacée et rempilée. Le tri des apports par camion se fera sur la deuxième ligne, avec dépilement des caisses, tri EPTQ (espèce, taille, poids, qualité), rempilement, et passage sur la première ligne.
Le projet initial pour la rénovation de la ligne hauturière était plus ambitieux, mais la crise sanitaire et le Brexit font planer beaucoup d’incertitudes sur l’avenir des apports hauturiers, notamment venus des eaux britanniques. L’objectif des travaux des lignes de tri est là encore l’efficacité, mais aussi l’amélioration des conditions de travail des manutentionnaires. La fin des travaux de la criée est prévue pour la fin de l’année. La criée 2.0 devrait permettre de faire de larges économies d’énergie, d’améliorer les conditions de travail et d’achats, et ainsi de valoriser au mieux les débarques du Guilvinec.
Les travaux de la criée sont portés financièrement par la CCI du Finistère, gestionnaire du port, et par le syndicat mixte des ports de Cornouaille, propriétaire du port. Chacune de ces deux structures finance une partie différente des travaux. La CCI est chargée de la refonte des systèmes d’aération et de froid et de l’optimisation et la rénovation des lignes de tri pour un montant de 6 millions d’euros, alors que le syndicat mixte gère l’adaptation du gros œuvre, l’extension de la criée, la construction de quais de chargement poids lourds et fourgons et la réfection de la toiture pour un total de 4 millions d’euros. L’ensemble des travaux est financé par les deux structures (1 million pour la CCI, 3 millions pour le syndicat mixte), et à cela s’ajoutent des subventions au titre du Fond européen à la pêche et aux affaires maritimes de la part de l’Union européenne, de l’État et de la région Bretagne (4 millions d’euros), et des aides portées directement par la région (2 millions). Notons que dans le cadre du plan de relance France relance pêche, 3 millions d’euros ont été sollicités.
Vincent SCHUMENG