La Fédération française d’aquaculture a 100 ans

Le 06/12/2024 à 14:36 par La rédaction

On imagine souvent l’aquaculture comme une science jeune. Et pourtant, l’activité n’est pas neuve. La Fédération française d’aquaculture (FFA) a ainsi fêté son centenaire, les 17 et 18 octobre à Bordeaux. Flashback.

 

Les origines

Les premières traces connues d’aquaculture remontent à… 473 avant Jésus-Christ, en Chine. Puis les pratiques d’élevage de poissons et de mollusques se développent en Chine, en Égypte et autour de la Méditerranée. Des viviers, bassins ou étangs permettent d’abord de stocker puis d’élever des poissons pour l’alimentation. Au Moyen Âge, en Europe, on exploite les étangs, notamment pour les carpes. Au XVIIIe siècle, la valliculture naît en Italie. Son principe : profiter des migrations saisonnières de poissons marins dans les estuaires d’eaux saumâtres, notamment sur la côte adriatique. Un marchepied pour imaginer des méthodes de grossissement de poissons dans des bassins naturels. Au XIXe , on se penche sur les problèmes de repeuplement. Cela aboutit à l’invention des écloseries, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. En 1870, la France organise son premier Concours général agricole à Paris et y expose des poissons d’élevage. En 1877, une commission sénatoriale enquête sur la diminution des stocks de poissons dans les rivières, causée par la pêche illicite qu’on n’appelait pas « INN » (illicite, non déclarée et non réglementée) mais « braconnage ».  En 1890, les premières fermes aquacoles voient le jour. En 1924, la Fédération française d’aquaculture est créée. Son rôle : représenter et défendre les intérêts des aquaculteurs en France. En 1928, le Bulletin français de la pisciculture est lancé, un outil pour diffuser des informations et bonnes pratiques, améliorées encore grâce à la coopération avec l’Inra, créé en 1947.

 

1960 : la révolution

L’apparition des aliments composés dans les années 1960 révolutionne la pisciculture de salmonidés en Europe et en Amérique du Nord. Les éleveurs, de truite notamment, peuvent intensifier leur production. À l’ère des loisirs insouciants, les parcours de pêche à la truite se multiplient. La production aquacole française explose : de 1 500 tonnes annuelles en 1945, elle est passée à 40 000 tonnes en 1991. On se penche sur les qualités nutritionnelles des produits. En 1991, Le Quotidien du médecin loue « les bénéfices » de la truite « aussi bien pour l’enfant que pour la personne âgée, le malade ou simplement l’adulte en bonne santé. La truite en effet apporte des protides de haute valeur biologique, peu de lipides, pas de glucides, des vitamines et des sels minéraux ».

 

1980 : nouvelles espèce

Les années 1980 voient l’avènement de nouvelles espèces. En 1983, le premier colloque sur l’esturgeon est organisé avec le Cemagref, institut public de recherche qui a grandement participé aux recherches sur cette espèce. Cette même année est créée la ferme marine Aquanord, qui valorise les eaux chaudes du CNPE (centre nucléaire de production d’électricité) de Gravelines pour l’élevage du bar et de la daurade royale. Les écloseries deviennent des fleurons agricoles français. Si les parcours de pêche existent toujours, ils sont désormais bien balisés pour éviter la contamination des poissons. Et les aérateurs ne ressemblent plus aux tout premiers jets d’eau dans les bassins étagés…

 

2024, et après…

En 2024, l’aquaculture a un visage féminin à la tête de la FFA : Maialen Berterreche. C’est cette piscicultrice, petite-fille de pisciculteur, qui, à Bordeaux, a brossé le tableau des principaux enjeux pour l’aquaculture française, de longue date sur la table. « L’aquaculture est une solution pour la souveraineté alimentaire, a-t-elle affirmé. Les aquaculteurs maillent tout le territoire, avec la pisciculture de truites, celle d’étang et d’eau douce et l’aquaculture marine. Depuis longtemps, ils ont pris en compte les problématiques actuelles, comme le bien-être animal : un élevage où les poissons ont une bonne croissance est un élevage où ils croissent dans de bonnes conditions ! Nous sommes une filière qui ne fait pas beaucoup de bruit. Mais, grâce à l’innovation, nous nous adaptons en permanence au réchauffement climatique, argue-t-elle. L’enjeu pour l’avenir est de continuer à être résilients. Pour cela, nous avons besoin que le soutien politique affiché dans le plan Aquacultures d’avenir se traduise en actes. » Les ministres présents n’ont plus qu’à… car il reste du chemin à parcourir en matière d’accès au foncier et en termes de simplification administrative.

 

Marielle MARIE

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn
  • More Networks
Copy link
Powered by Social Snap