L'activité concerne une soixantaine d'entreprises dont une douzaine en Vendée. La majorité des producteurs concessionnaires dans la baie de l'Aiguillon ont leurs établissements sur les sites de Charron, Marsilly et Esnandes en Charente Maritime.
Le phénomène de mortalité constaté début mars dans des proportions classiques, s'est amplifié au fil des semaines pour anéantir près de 100 % du stock marchand. Du jamais vu de mémoire de mytiliculteur, même si l'épisode du mytilicola intestinalis avait provoqué une casse importante en 1960. Les causes de cette mortalité anormale restent encore au stade des hypothèses. Les analyses confiées à l'Ifremer ont rapidement écarté une origine virale du phénomène. Puis les conclusions publiées le 16 avril ont pointé une baisse de taux de salinité. « L'hypothèse de l'Ifremer est étayée par les relevés d'une sonde sur zone qui témoigne de la présence d'une forte colonne d'eau douce » rapporte Jacques Sourbier, président du comité régional conchylicole des Pays de la Loire.
Une aide d’urgence de la région
La courantologie aurait provoqué une forte dessalure fatale à la production. L'enquête sur l'origine de la destruction du stock se poursuit. Ces premières conclusions sont loin de convaincre totalement la profession. Si l'effet des bassins versants et la forte pluviométrie sont pointés, d'autres pistes évoquent un phénomène plutôt venu du large. Des mortalités ont été constatées sur un gisement de coquilles Saint-Jacques et le phénomène sur les bouchots s'est plutôt déclaré au départ sur les pieux les plus à l'ouest, avant de progresser à l'intérieur de la baie, vers la pointe d'Arçay.
Face à cette situation de crise, la région Pays-de-la-Loire va voter une enveloppe maximale d'1,5 million d'euros le 2 juin prochain. « Les douze entreprises vendéennes auront la possibilité de solliciter jusqu'à 125 000 euros sous la forme d'un prêt à taux 0 », a annoncé le vice-président de la région Pays de la Loire, Christophe Clergeau, lors d'une réunion avec les professionnels de la mytiliculture, le 25 avril, à L'Aiguillon-sur-Mer.
Cette aide d'urgence est accordée « afin que les entreprises puissent sortir la tête de l'eau et se projettent dans des perspectives d'avenir ». Cette avance remboursable doit permettre aux professionnels d'attendre les aides sollicitées auprès du secrétariat d'État à la mer et de la pêche notamment dans le cadre de la procédure de calamités agricoles. La profession sollicite des allégements de charges financières, l'exonération des redevances domaniales et des charges sociales auprès de l'Énim ou de la MSA. Sur le plan de l'emploi, les professionnels misent sur le dispositif du chômage partiel et de la formation. Des dossiers où les régions Pays-de-la-Loire et Poitou-Charente ainsi que les conseils généraux et les collectivités locales vont travailler ensemble pour appuyer les demandes de la profession auprès de l'État.
Les premières moules de filières de l'Aiguillon auraient dû être commercialisées début mai. Faute de produit, ce marché primeur risque fort de profiter à des productions venues d'Irlande, de Hollande ou du Danemark, avant l'entrée en scène des autres bassins mytilicoles français.
JM. LE PROVOST