6 000 à 7 000 t Sources : Cipa, Steb |
Une nouvelle génération de pisciculture de truite sera bientôt opérationnelle au Moulin Neuf à Pleyben (Finistère). Elle conjugue la bio-filtration et l’eau en recirculation. Ce site pilote, en grandeur réelle, est conçu pour sortir 450 tonnes de truites en année de croisière. Jean-Pol Le Ribault, directeur d’Aquadis Naturellement, le retient comme modèle vertueux en aquaculture : « la continuité écologique de l’élevage s’appuie sur l’amélioration de la qualité de la masse d’eau. Grâce au système de filtration, il ressort une eau propre qui nous fait défaut l’été. On résout, en partie, ce problème d’étiage en remontant l’eau claire en tête de pisciculture. » En mode semi-fermé, l’exploitation rejette moins de polluants, « tout en permettant le développement de la production selon la capacité épuratoire du milieu. La conception de l’outil et sa taille dépendent des paramètres de rejets ammoniacaux, de récupération des particules phosphorées et des matières en suspension », explique Jean-Pol Le Ribault qui travaille sur son projet depuis 2013, avec l’appui de la station Inra de Sizun. La refonte complète du site pour fonctionner en recirculation, avec un filtre biologique occupant une surface de 40 m2, , a coûté un million d’euros, financé à 50 % par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. L’autre avancée significative d’Aquadis porte sur l’alimentation des poissons avec une formulation équilibrée qui intègre une part de farine d’insectes. Un premier lot de truites nourries avec cet aliment sortira au printemps prochain. D’autres travaux sont en cours pour améliorer les formulations riches en protéines végétales. De son côté, la coopérative des aquaculteurs bretons va investir dans un pilote de production « à une échelle assez importante, signale Hervé Ladurée, président du syndicat de la truite d’élevage de Bretagne (Steb). Nous sommes dans la phase de consultation avec des équipementiers et des bureaux d’études. » L’objectif est de pouvoir optimiser les sites existants avec des systèmes de recirculation et de purification de l’eau. Forte de quoi, la Bretagne connaîtra un complément de production. « Cela suppose des investissements qui pèseront sur le prix de revient. Les cours de la truite devront suivre en conséquence, voire se rapprocher de ceux du saumon pour espérer le développement d’une nouvelle pisciculture. À la différence d’un saumon très mondialisé, notre poisson touche le marché national. Demain, la truite française ciblera le haut de gamme. Si les GMS l’acceptent, elles en auront. À défaut, nous la vendrons ailleurs. » Bruno VAUDOUR |