L’aquaculture occupait une belle place durant l’édition des 35 ans du SPACE, salon rennais dédié à l’élevage. L’alimentation aquacole, en particulier, a fait l’objet de débats et de conférences, notamment autour de la durabilité.
L’aquaculture est présente au SPACE depuis 2019 et ne cesse de se développer au sein du salon de l’élevage. Guillaume Le Reste, directeur d’Halieutica, explique que « des délégations sénégalaises et algériennes sont venues au SPACE uniquement pour rencontrer les exposants et conférenciers en aquaculture ». Lors du cycle de conférences dédiées à l’aquaculture, qui ont toutes porté sur l’alimentation aquacole, il a été montré que la production africaine, surtout en tilapia et poisson-chat, a été celle qui a connu la plus forte croissance ces dix dernières années, avec une hausse de 75 % de la production ! Elle atteint 2,2 millions de tonnes au début des années 2020.
Les conférenciers ont exposé les deux enjeux autour de l’alimentation aquacole : le coût économique et le coût environnemental. Pour le premier, l’alimentation est le poste de dépenses le plus important d’un élevage, avant les salaires. Pour le second, il s’agit de baisser la part de protéines marines issues de la pêche et d’optimiser l’alimentation et la digestion des animaux pour éviter des pertes d’aliments qui polluent les bassins et les effluents d’élevage. Ronnie Tan, consultant en aquaculture chez US Grains Council, explique que « le plus important dans l’alimentation aquacole, c’est le prix. Les insectes peuvent avoir leur carte à jouer grâce au faible prix au kilo de ces protéines, en raison d’importantes économies d’échelle ». Le coût de l’aliment aquacole subit de plein fouet la hausse des prix des protéines marines, lesquelles entrent aussi dans la composition d’aliments pour les porcs. Hervé Lucien-Brun, consultant et expert de la crevetticulture, affirme que « le marché mondial fait monter les prix de l’aliment, notamment la demande chinoise avec ses élevages porcins ».
Pour les exposants qui présentent des aliments aquacoles, le SPACE est l’occasion de prospecter de nouveaux marchés. C’est le cas de MG2MIX, une société de conseil et de formulation en pleine croissance, qui a créé il y a quatre mois un poste dédié à l’alimentation aquacole. Nouveau nutritionniste aquacole au sein de l'entreprise, Nicolas Tanrattana expose le développement de cette entreprise : « Nous travaillons sur des prémix et de la formulation, notamment avec des clients africains qui veulent une démarche locale. On doit ainsi travailler avec des ingrédients étonnants, comme le baobab, qui s’avère très riche en vitamine C. MG2MIX a eu de plus en plus de demandes sur de l’aliment aquacole et a donc décidé de recruter un nutritionniste et formulateur dédié. Le SPACE nous permet de rencontrer nos futurs clients,de nous faire connaître et de faire notre promotion sur le marché africain, notamment auprès des délégations sénégalaises et algériennes. »
Le SPACE souhaite continuer à développer un vrai pôle aquaculture. Bientôt des exposants aquaculteurs et pisciculteurs dans ce salon emblématique de l’élevage ?
L'innovation en aquaponie
Secteur encore marginal et peu structuré en France, une entreprise spécialisée dans l’aquaponie voit déjà grand. Nutreets est une société qui conçoit et livre des fermes aquaponiques clé en main. La prochaine à ouvrir se situe à Colombes (92), un projet acheté par Nexity qui vendra des truites portions (deux filets de 300 grammes par truite) en circuit court, principalement aux riverains et restaurateurs parisiens. « Le bâtiment est ultra-intégré, explique Guillaume Pelet, président et fondateur de Nutreets. Le rez-de-chaussée sera dédié aux services : vente, bureaux commerciaux, futur siège, mais aussi formation. Le premier étage sera occupé par la pisciculture et les deuxième et troisième étages par les cultures maraîchères. » L’objectif de ce projet ambitieux est de s’inscrire dans une démarche durable et sobre, avec notamment la valorisation de la chaleur fatale des logements adjacents. « En tant qu’éleveur de poissons, c’était important d’être ici. On est approchés par des agriculteurs qui s’intéressent à notre démarche. On voit aussi toute la chaleur fatale que l’on pourrait valoriser en agriculture », détaille Guillaume Pelet.
Vincent SCHUMENG