Trente-trois hypermarchés Carrefour ont été certifiés MSC et ASC en région parisienne. Une certification qui entre dans le cadre du partenariat engagé avec WWF France depuis plusieurs années pour des approvisionnements « durables » dans diverses filières, dont celles des produits de la mer. « Le processus de certification implique toute la chaîne de traçabilité et d’approvisionnement. Nous avons fait certifier 33 magasins qui sont rattachés à la même plateforme logistique, indique Frédéric Rezki, directeur marée de l’enseigne. Nous déploierons notre stratégie par grappe logistique dès la fin 2016, début 2017. »
Objectif affiché : faire en sorte qu’un produit de la mer acheté sur deux soit issu d’un approvisionnement responsable d’ici 2020. Pour l’heure avec « 18 références, et huit espèces certifiées ASC ou MSC, les volumes concernés sont de 15 à 20 % » chiffre Bruno Lebon, directeur des produits frais Carrefour France. Au menu, l’étal de Carrefour Bercy, vitrine de l’engagement de l’enseigne, propose aux clients du cabillaud, du lieu noir et de la sole certifiés MSC. Le saumon, les crevettes de Madagascar et le panga sont eux porteurs des couleurs de l’ASC. Potentiellement, les sardines de bolinche bretonnes certifiées MSC et les maquereaux certifiées MSC pourraient disposer de la même visibilité.
Alors qu’un étal marée peut, au fil des jours, proposer jusqu’à 100 espèces, comme le rappelle le chef de rayon marée de cet hyper, l’espace occupé par les références certifiées est particulièrement important. « Si nous voulons atteindre notre objectif, il faut que nos équipes puissent expliquer la démarche aux clients, promouvoir les espèces les plus durables, les valoriser différemment », poursuit Bruno Lebon. L’illustration : la cuisson sur place pour les crevettes de Madagascar certifiées ASC, fournies par Unima. Elles sont les seules à bénéficier de ce service qui attire l’œil des consommateurs et les incite peut-être à débourser quelques euros de plus au kilo. « Nous travaillons sur le long terme, sur le consommateur de demain, indique Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour. Nous sommes sûrs de répondre à leurs attentes, mais nous sommes conscients qu’il y a un décalage entre les déclarations des clients et les choix réalisés en magasins. Pour tenter de les accorder, il faut du savoir-faire, des promotions, des tours de main… »
Néanmoins, Carrefour ne saurait tenir ses objectifs s’il n’augmente pas la liste des espèces certifiées sur ses étals, notamment d’origine France. Et là, comme le souligne François Gallen, mareyeur breton et fournisseur Carrefour, « il est regrettable que les pêcheries bretonnes ne s’engagent pas plus dans des démarches de certification. Les bolincheurs sont pourtant contents de l’avoir fait ».
De Bretagne, en effet, rares sont les espèces certifiées MSC destinées au marché du frais. Le lieu noir, le cabillaud, le merlan bleu et l’églefin MSC de la Compagnie des Pêches Saint Malo sont proposés dans les rayons surgelés ou traiteur ( surimi).
Conseillé par WWF France, Carrefour a soutenu le From nord pour obtenir la certification MSC sur les soles. Une démarche qui devrait être renouvelée pour la plie, la baudroie… si les pêcheries suivent.
L’enjeu n’est pas neutre pour la pêche française qui trouve dans les rayons marée une grande part de ses débouchés. Carrefour est l’un des premiers poissonniers de France, commercialisant plusieurs dizaines de milliers de tonnes de produits de la mer. Il serait dommage que le recours à l’import augmente encore pour atteindre l’objectif. C’est pourtant le risque.
Céline ASTRUC