Il a fallu trois jours de négociations aux ministres de la pêche européens pour conclure un accord sur les possibilités de pêche dans l’Atlantique, en mer du Nord, en Méditerranée et en mer Noire pour 2024.
Pour l’Atlantique et la mer du Nord, dans le cas de huit stocks de poissons, la décision concerne également les limites de capture (Tac) pour 2025 et, dans deux cas, pour 2026. Dans l’ensemble, l’accord politique prévoit des totaux admissibles des captures (Tac) pour plus de 200 stocks halieutiques commerciaux. Toutes les dispositions s’appliqueront à partir du 1er janvier 2024.
En détail
Les stocks concernés par les deux propositions sont ceux que l’Union européenne gère soit seule, soit conjointement avec des pays voisins non membres de l’UE (la Norvège et le Royaume-Uni, lire ci-dessous). Ainsi, « à la suite des avis scientifiques positifs » et grâce à « l’amélioration de l’état des stocks », les ministres ont augmenté les limites de capture pour les stocks suivants : la cardine (11 %) et la baudroie (7 %) dans les eaux ibériques, la plie dans le Kattegat (19 %), le merlu dans le sud du golfe de Gascogne, les eaux ibériques et les eaux autour des Açores (10 %) et le chinchard dans les eaux ibériques (5 %).
En revanche, pour « préserver les stocks conformément aux avis scientifiques » et « trouver un équilibre avec les implications socioéconomiques », les limites de capture ont été réduites pour : le merlan dans le golfe de Gascogne (41 %), la plie dans les eaux ibériques (20 %), la langoustine dans les eaux portugaises et les Açores (20 %), la sole dans les zones 8C-E, 9 et 10 (17 %).
Par ailleurs, l’effort de pêche des chalutiers en Méditerranée occidentale a été réduit de 9,5 % pour « protéger les stocks démersaux ». Le Conseil a également décidé de réduire de 5 % les limites maximales de capture pour la crevette bleue et la crevette rouge dans les sous-zones 1, 2, 5, 6 et 7, de 3 % pour les mêmes espèces dans les sous-zones 8, 9, 10 et 11 et de 3 % pour la crevette rouge géante en Méditerranée occidentale dans les sous-zones 8, 9, 10 et 11.
« Cette décision en Méditerranée occidentale constitue une étape importante pour la sauvegarde des stocks démersaux. Néanmoins, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer la reconstitution d’autres stocks vitaux dans ces eaux », estime Javier López, directeur de campagne pour la pêche durable de l’ONG Oceana en Europe.
L’anguille, le bar et le lieu jaune dans la tourmente
Compte tenu de « la situation toujours critique de l’anguille européenne », le Conseil a décidé de maintenir la période de fermeture de six mois pour toute activité de pêche commerciale de cette espèce, avec certaines exemptions, et d’interdire la pêche récréative.
En mer Noire, il a été décidé de reconduire le Tac pour 2024 dans le cas du turbot et de maintenir une période de fermeture de la pêche au turbot du 15 avril au 15 juin. Le quota de turbot non utilisé en 2022 de l’UE a été reporté.
Concernant le bar du le golfe de Gascogne, des mesures supplémentaires ont été prises en limitant la baisse du quota à 20,5 %, contre les 31 % envisagés, et d’encadrer la pêche récréative avec une possibilité de pêche limitée à un bar par jour. Quant au lieu jaune, en Manche et mer Celtique, la France a obtenu un Tac provisoire de six mois correspondant à 500 tonnes, des mesures d’encadrement de la pêche récréative et une fermeture du 1er janvier au 30 avril.
Les accords entre l’UE, le Royaume-Uni et la Norvège
Les consultations bilatérales avec la Norvège et les consultations trilatérales sur les stocks partagés entre l’UE, le Royaume-Uni et la Norvège ont également été menées à bien avant la réunion du Conseil. Un accord trilatéral sur les stocks halieutiques gérés conjointement en mer du Nord en 2024 établit des totaux admissibles de captures de plus de 915 000 tonnes, couvrant un quota de l’UE de près de 415 000 tonnes de cabillaud, d’églefin, de lieu noir, de merlan, de plie et de hareng. Enfin, l’UE et la Norvège ont conclu des accords bilatéraux sur les stocks partagés dans la mer du Nord et le Skagerrak, ainsi que sur les échanges de quotas.
Ainsi, l’UE recevra un Tac de 9 983 tonnes de cabillaud arctique pour 2024, tandis qu’elle transférera un Tac de 48 000 tonnes de merlan bleu à la Norvège.
L’accord avec le Royaume-Uni fait réagir l’ONG Oceana : « Les négociations sur les limites de captures de pêche annuelles entre l’UE et le Royaume-Uni se sont conclues une fois de plus en laissant un grand nombre de populations de poissons, y compris des espèces très prisées comme le cabillaud, dans un état de surpêche et d’effondrement. Cette pression constante sur les stocks menace des écosystèmes marins entiers ainsi que l’industrie de la pêche elle-même. Avec les crises environnementales actuelles, il est plus urgent que jamais de fixer des limites de captures durables. »
Darianna MYSZKA