L’Association nationale des organisations de producteurs (Anop) s’est prêtée à un exercice hasardeux : anticiper la redistribution à long terme des quotas en Europe, d’après les positions esquissées par l’Union européenne et le Royaume-Uni. Avec quelles modalités va-t-on répartir les droits de pêche reposant aujourd’hui sur des zones et des stocks communs ? Les Britanniques revendiquent un attachement zonal des captures, pour récupérer la part réalisée dans leurs eaux. Résultat des simulations : « Cela provoquerait pour l’UE à 27 la perte de deux tiers des captures en ouest Écosse, de la moitié pour la Manche et d’un quart pour la zone mer du Nord et mer Celtique », calcule Julien Lamothe, secrétaire général de l’Anop. Par espèce, en Manche : - 35 % de cabillaud, - 25 % de sole à l’est à - 50 % à l’ouest. En mer Celtique : - 40 % de gadidés, - 43 % de raie, - 70 % de plie. En mer du Nord : - 88 % de lieu noir. Entre autres.
Ce serait encore pire en tenant compte des déplacements des stocks. Ce raisonnement pousse déjà l’Islande et les Féroé à s’octroyer plus de maquereau, qui a migré vers le nord. L’UE a alors tendance, par souci de durabilité, à compenser les égarements des pays tiers en baissant ses quotas. Ce risque est fort sur le merlu, qui reste bien implanté dans le golfe de Gascogne, mais se développe vers le nord. En en tenant compte dans la répartition, « la part de la France sur le stock de merlu nord baisserait de 53 à 29 %. Avec des conséquences majeures, y compris dans le golfe de Gascogne ». L’enjeu de la négociation future dépasse largement l’accès aux eaux britanniques.