Premier constat
L’observatoire souligne la surconsommation de produits de la mer, pêche et aquaculture confondues, dans les pays du sud de l’Europe, soit neuf pays dont la France, le Portugal et l’Espagne. En moyenne, la consommation y dépasse de près de 10 kg celle de la moyenne des 28 pays de l’Union. Légèrement au-dessus de cette moyenne de 25 kg par habitant, on retrouve les pays du Nord : Danemark, Suède, Finlande.
Une consommation soutenue par des campagnes de promotion
Si en 10 ans, près de 685 campagnes ont été menées dans les 28 pays membres, leurs messages et leurs nombres diffèrent fortement d’un pays à l’autre. L’Espagne est le pays qui, de très loin, promeut le plus les produits de la mer, notamment les sardines, anchois, bars, daurades et truites arc-en-ciel. Des espèces élevées ou pêchées localement. Les 455 campagnes espagnoles visent aussi à éduquer les consommateurs sur les questions de durabilité, de qualité et à inciter les plus jeunes à déguster des produits de la mer. Avec 49 campagnes de promotion sur la période, la France est le second pays le plus communiquant, avec un objectif clair : valoriser la pêche française. Le Portugal et l’Italie, avec respectivement 18 et 15 campagnes promotionnelles, ont mis l’accent eux aussi sur les espèces locales à faible valeur ajoutée. Dans les pays de l’est ou du centre, les campagnes, plus rares, ont mis l’accent sur la promotion des espèces d’élevage locales comme la carpe. À l’ouest (Pays-Bas, Allemagne, Belgique...), c’est au Royaume-Uni et en Irlande que les campagnes en faveur des produits de la mer ont été les plus nombreuses – trois sur la période – pour promouvoir les produits de la pêche durable.
Des résultats mitigés
Et pourtant, à regarder les chiffres de la consommation de produits de la mer, toutes technologies de préservation confondues, il semble que les fruits des campagnes soient discutables : en France, Grèce, Espagne, Croatie, Chypre et Malte, la consommation a baissé sur la période 2004-2015, montant légèrement dans les pays de l’est et de l’ouest.
Mais partout en Europe, le constat est le même : ce sont les jeunes qu’il faut réussir à attirer. Ils consomment beaucoup moins de poissons, coquillages et crustacés que les seniors. Faciliter leur mise en œuvre en cuisine, pour les distributeurs interrogés, fonctionne. La tendance sur le prédécoupé, le frais emballé – notamment avec le skin (voir temps fort année 2016 – février) –, le prêt à cuisiner est à la hausse. Pourtant, la praticité ou simplicité d’usage n’est pas un moteur d’achat formulé par les consommateurs européens. On achète du poisson parce que c’est bon pour la santé et bon pour le goût. Et le grand frein à l’achat reste, dans toute l’Europe, la perception d’un prix élevé.
Prix et informations
« Si les prix n’étaient pas si hauts, j’en achèterais plus », clame l’amateur de produits de la mer dans les 28 pays d’Europe… ravi de saisir les opportunités de promotions dans les points de vente.
Côté informations, les consommateurs ont rendu leur verdict : les données légales les intéressent à l’exception, peut-être, de celles concernant la technique de pêche. La zone de pêche les concerne à 70 %, moins que la date de capture, non obligatoire. Pour le reste, les consommateurs ne semblent pas toujours en vouloir plus, sauf peut-être dans les pays du Nord, où ce qui touche l’éthique suscite l’intérêt.
Céline ASTRUC
Pour en savoir plus sur les habitudes de consommation dans les différents pays européens, retrouvez l’étude de l’Eumofa.