L’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que le soutien public encourage la surpêche. « Il est urgent d’agir pour freiner la surpêche, améliorer la gestion des pêches et réformer le soutien au secteur, faute de quoi on ne parviendra pas à assurer la conservation et l’utilisation durable de l’océan et de ses ressources comme le prévoyait un objectif clé des Nations Unies », alerte dans un communiqué l’OCDE.
Son analyse 2020, parue le 10 décembre, après la dernière publiée en 2017, se base sur les données communiquées par 39 gouvernements. Sur la période 2016‑18, ils auraient soutenu le secteur à hauteur de 9,4 milliards de dollars US (7,8 milliards d’euros), soit 10 % environ de la valeur des prises. Plus d’un tiers des aides publiques à la pêche limite le coût du carburant, des navires et des engins… « Ce qui, souvent, encourage la surpêche », pointe l’organisme international. L’aide aux carburants est la politique de soutien direct la plus importante, pesant 25 % du total. « C’est en partie dû aux politiques en vigueur si au moins un quart des stocks halieutiques mondiaux dont la situation est connue sont surpêchés », estime l’OCDE.
Alors que la pandémie de Covid-19 perturbe le secteur des produits de la mer, « les pouvoirs publics doivent continuer de l’aider », admet l’OCDE. Mais Angel Gurría, son secrétaire général, appelle à « cesser de subventionner les moyens de production de la pêche » et à réorienter le soutien vers plus de durabilité : formation, mécanismes d’assurance, investissements dans la gestion, la collecte et l’analyse de données, le contrôle et la surveillance… Car seul un tiers des pays et économies recoure à des totaux admissibles de capture (Tac) pour gérer les stocks. Les dépenses de gestion, contrôle et surveillance ont dangereusement baissé dans plusieurs pays. Et la pêche illégale sape toujours l’efficacité de la gestion des pêches, malgré des progrès notables depuis 15 ans pour lutter contre ce phénomène (notamment les mesures du ressort de l’État du port). Angel Gurría encourage à saisir l’opportunité de l’accord en négociation à l’OMC pour interdire les subventions préjudiciables. Les négociations reprendront la semaine du 18 janvier.
Solène LE ROUX