Fabrice Guyot « Être vu comme un leader parce que l’on achèterait beaucoup ne suffit pas à mes yeux. Océalliance doit être choisi parce que ses standards qualité, sociaux et de services clients en font un référent du métier, comme ses investissements dans la transformation. » |
Quelques chiffres 220 M€ de chiffre d’affaires 25 ateliers de marée 40 000 t 520 salariés
Les derniers investissements ◗ 400 000 € : mise à la norme IFS du site de La Rochelle pour répondre aux exigences dte Mercadona et développer l’export. ◗ 800 000 € : pour le rassemblement sous un même toit des sites de Furic et Foro aux Sables-d’Olonne. Bâtiment inauguré le 6 avril 2017. ◗ 900 000 € : réaménagement du site de Le Coz Marée à Concarneau. ◗ 700 000 € : à venir dans le site de Saint-Guéfroid, repris à Frial. L’usine basée à Saint-Guénolé permettra de faire de la cuisson et de la surgélation de produits bruts.
|
Dix-huit mois après son arrivée à la tête du nouveau groupe Océalliance, fruit du rapprochement de Mariteam, « mareyeur grossiste du Sud-Ouest », d’Océalliance et d’Alliomer, Fabrice Guyot affiche son ambition : « Plus qu’un leader du mareyage français, nous souhaitons devenir un référent du métier, en termes de services, de qualité, d’engagements sociaux… » L’ancien dirigeant de Pomona et d’Alliomer croit à l’avenir du secteur, à sa pérennité, sa compétitivité, sa rentabilité « s’il se structure. Cela passe par l’émergence de plusieurs entreprises de tailles intermédiaires qui auront la capacité d’investir pour valoriser les produits ». Notamment en misant sur la première transformation. « Il existe, de la part de nos clients, une vraie demande pour des produits de nos côtes bruts transformés, plus simples à consommer. Le mareyage français a pris du retard dans le domaine par rapport à ce qui peut se faire en Irlande ou en Écosse. Moins de 10 % des mareyeurs ont investi ce marché », constate Fabrice Guyot. Au sein du groupe Océalliance, 95 % des ventes se font en frais et seulement 5 % en cuit ou en surgelé. « Demain, j’espère que les produits bruts de pêche côtière cuits ou surgelés apporteront 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires », chiffre le dirigeant. Pour développer l’activité existante de surgelés et de cuisson, Océalliance devrait pouvoir reprendre Saint-Guéfroid, filiale de Frial installée à Saint-Guénolé, qui accueillerait alors d’ici l’été les activités cuisson et surgélation de Furic Solutions et Océamballe, entités basées dans la même commune. L’idée de développer de la mise sous atmosphère modifiée est aussi en réflexion. Ensuite, dans le cadre du plan d’investissement quinquennal de 20 millions d’euros soutenu par Perceva, « actionnaire qui agit comme un fonds de développement », le site de la Marée du Cotentin pourrait être équipé d’un outil de cuisson des coquillages de pêche. Idem pour la filiale écossaise Angelbond, spécialisée dans la langoustine. Se lancer dans la première transformation « est encore plus obligeant sur les questions de sécurité sanitaire, poursuit le responsable. Plusieurs de nos ateliers de marée sont abîmés par un environnement humide et nécessitent un rattrapage préalable de travaux d’entretien ». Un tiers des 4 millions d’euros d’investissements annuels sur cinq ans sera dédié à cette maintenance. En parallèle, Océalliance doit investir « dans l’harmonisation de ses systèmes d’information, dans l’humain – une garantie de pérennité – et dans la mise en place d’un nouveau système qualité. Les exigences de nos clients, notamment ceux de la grande distribution, vont aller croissant ». Son client espagnol Mercadona l’a incité à faire certifier IFS son site de La Rochelle. Un signe. Du chemin reste à parcourir, avoue le dirigeant, mais la grande priorité du groupe, comme pour tout mareyeur, reste l’accès à la matière première. « Une ressource locale, rare et aléatoire », insiste-t-il. En se dégageant de l’activité de grossiste, avec notamment la cession de Deladoire, Fabrice Guyot souhaite limiter l’achat de produits de négoce et se centrer sur les achats en criées. Ou en gré à gré. Le développer fait partie des pistes travaillées, quitte à soutenir la pêche en prenant des parts minoritaires dans des bateaux. « Dans le rachat d’Alliomer, le fait que les structures normandes et boulonnaises travaillent en gré à gré nous a attirés. Mais ce mode de commercialisation exige de payer rapidement les pêcheurs – à la semaine –, de s’engager à acquérir les prises, quoi qu’il arrive. On ne paie pas moins cher qu’en criée ! » Le développement du gré à gré se fera peut-être en dehors de l’Hexagone. Océalliance regarde de près les opportunités de partenariats ou de rachats de mareyeurs irlandais ou écossais, où la pratique du gré à gré est commune. « Là-bas, une ressource diversifiée et côtière est présente. » Et qu’importe le Brexit : « Indépendamment des structures financières, des taux de change ou des barrières douanières, il faut être là où la ressource se trouve et la travailler au plus près des lieux de débarques », conclut-il. La politique de croissance externe devrait se poursuivre plutôt en dehors de l’Hexagone, où les opportunités seront regardées de près. Céline ASTRUC |