Après l’Alaska et l’Islande, la France a lancé en mars son propre écolabel des pêches. À la différence des Anglo-saxons qui privilégient les écolabels privés comme le MSC et Friend of the Sea, la filière pêche française opte pour une certification publique mise en place par l’établissement national FranceAgriMer. Le référentiel homologué engage les pêcheries à respecter une trentaine de critères associés aux trois axes du développement durable : l’environnement, l’économie et le social. Alors que les certifications privées visent le respect de la ressource et des écosystèmes ainsi qu’une bonne gestion des pêches, l’écolabel français prend aussi en compte les conditions de travail à bord et les rémunérations, ainsi que la qualité des produits débarqués.
Plus contraignant que la réglementation, l’écolabel implique des prérequis comme le rendement maximal durable (RMD), niveau de capture possible sans menacer le poisson. Seuls des organismes certificateurs accrédités par le comité français d’accréditation (Cofrac) pourront valider le respect du cahier des charges. Sa mise au point résulte d’une longue concertation entre pêcheurs, mareyeurs, distributeurs, scientifiques et écologistes, dont le WWF.
Cet écolabel, qui sert aussi de modèle à l’Afnor pour élaborer une norme internationale Iso définissant la pêche maritime durable, pourrait servir de référent dans la préparation d’un futur écolabel européen. Comme le prévoit la PCP.
Alain Cadec, président de la commission Pêche du Parlement européen, ne cache pas que seul l’échelon européen est pertinent : « Les labels privés et les labels publics nationaux sont insuffisants pour fournir une véritable information aux consommateurs sur la durabilité, la qualité et la traçabilité des produits mis sur le marché, estime-t-il. Ils sont trop nombreux et leur champ d’action est trop étroit. Les consommateurs s’y perdent. » Sa priorité est que le label public européen soit mis en œuvre en 2016. Dans l’immédiat, le logo français « Pêche durable » attend ses premiers candidats à l’examen.
Bruno VAUDOUR