Le mareyage et la filière vont avoir cinq ans de plus pour travailler à la substitution du PSE. Le 4 juin, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, a annoncé au Sénat un sursis de cinq ans.
« Ce délai est une bouffée d’oxygène, résume, soulagé, Aymeric Chrzan, secrétaire général du Mareyage Boulonnais. Pour autant, cela ne signifie pas que nous mettons le sujet sous le tapis. Cinq ans de plus, c’est raisonnable pour trouver des réponses économiquement viables (lire PDM no 226 p. 16). »
« Je ne crois pas à une mais à des solutions. La caisse marée réutilisable est une option. Pour certains mareyeurs, dès lors que le circuit est sûr (sans perte de caisses), qu’il y a des possibilités de stockage et suffisamment de formats palettisables, elle peut être intéressante et même souhaitable. Pour d’autres, elle sera une véritable usine à gaz. Le problème n’est pas tant de trouver une solution que de faire cohabiter les différents emballages », ajoute-t-il, sans trancher entre polystyrène, carton et caisse marée réutilisable.
Le caillou dans la chaussure de la filière produits de la mer est que ses circuits se sont organisés autour du polystyrène. Parfait pour garantir la chaîne du froid (« ce qui est la principale qualité que l’on attend d’une caisse marée », rappelle Aymeric Chrzan), léger, étanche, résistant à l’humidité, solide, il a longtemps fait figure de matériau idéal avant que l’on ne se pose la question de la durabilité des emballages. La collecte, en amont, n’apparaît pas comme un souci. « Nos entreprises sont installées sur des zones économiques où elles sont concentrées. Il n’y a pas de difficulté à massifier les flux et, depuis longtemps, les professionnels et les collectivités locales se sont organisés. La collecte est plus problématique en aval », précise-t-il.
« Le coup de pression de la grande distribution avec la caisse marée réutilisable a eu le mérite de mettre l’accent plus fortement encore sur le sujet. Nous avons beaucoup travaillé et ne relâcherons pas nos efforts. Ce sursis indispensable va nous permettre de poursuivre notre démarche sereinement », conclut-il.
Knauf satisfait du report
Chez Knauf, où on se félicite également de ce report, on précise que les filières de recyclage existent. Le polystyrène est collecté, broyé, compacté et transformé par des entreprises spécialisées en objets isothermes, en isolation extérieure de bâtiments ou encore en solutions anti-feu. Deux principaux problèmes persistent : la collecte, lorsque les sources sont diffuses, et le réemploi en agroalimentaire. En effet, un recyclage chimique est alors nécessaire pour que le matériau retrouve son aptitude au contact alimentaire. Pour ceux-là, il existe bien deux recycleurs, mais basés hors de France : Indaver à Anvers et Eslava en Espagne. De son côté, Knauf récupère des emballages chez ses clients, de façon à massifier les flux… Mais seulement là où la collecte peut s’organiser.
Par ailleurs, l’entreprise a développé le rPSE (PSE recyclé) apte au contact alimentaire. Mais le matériau, qui paraît être l’une des meilleures solutions pour la filière, (lire PDM no p. 16) peine encore à trouver son marché en raison de son coût. Knauf a également conçu Mitsy, en polypropylène (PP) qui se recycle bien, peut s’operculer et/ou utiliser de l’atmosphère protectrice. Plus facilement envisageable pour les derniers kilomètres, l’adopter intégralement nécessite de repenser les outils de production, la logistique, la gestion du froid… Et c’est bien là où le bât blesse. Calibrée autour d’un matériau unique, la filière, bien que convaincue de la nécessité de réfléchir aux emballages qu’elle utilise, va devoir entièrement repenser ses modèles… À un moment où, du fait des crises de la pêche et de la demande, elle peine à conserver sa rentabilité économique.
Marielle MARIE