Où et comment ferons-nous nos courses demain ? Le livre Le Marché alimentaire à l’horizon 2050 en France imagine quatre scénarios, dans lesquels les plateformes d’e-commerce ont remplacé le libre-service. Dans le premier scénario, « Personnalisation », les choix alimentaires sont délégués à une plateforme pour un plaisir que le client découvre en consommant. Le consommateur accepte de se laisser observer et il fait confiance à l’IA (intelligence artificielle) – ici appelée « maître d’hôtel numérique». À l’aval s’impose une troisième transformation qui, intégrée à la logistique du dernier kilomètre, personnalise et « servicise » le streaming de produits. Dans le deuxième scénario, « Engagement », les plateformes se dotent d’une « mission » qui fait partie de leur proposition de valeur et de leur stratégie : faire dépendre leur réussite commerciale de leur capacité à maîtriser les conséquences sociales, ainsi que les impacts environnementaux de l’alimentation. Le consommateur voit son régime alimentaire limité dans ses choix. Les modes de production agricoles ne sont plus modifiés via le marché final mais via des choix collectifs fondés sur la science et le débat citoyen. Dans le troisième scénario, « Communautés », le client en quête d’authenticité adhère à des plateformes de circuits courts où se nouent des relations sincères et fortes entre producteurs et consommateurs. Les filières se décentralisent. Enfin, dans le dernier scénario, « Prix bas », le client désinvesti de son alimentation utilise les plateformes pour accéder à des produits banalisés très économiques. La production se mondialise, les coûts sont écrasés. Éditions Quae, 29 euros.

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL