Quel avenir pour le chalut ?

Le 18/03/2024 à 12:43 par La rédaction

À l’heure où le gazole reste cher, la pêcherie chalutière survit aujourd’hui grâce aux deniers publics. Au-delà des critiques environnementales à son encontre, c’est sa rentabilité qui est remise en question.

« C’est le chalut qui nous fait vivre », clamait Guénolé Merveilleux, président d’Océalliance, lors des Assises de la pêche à Nice en septembre dernier. Cet engin qui permet d’aller pêcher les espèces démersales (langoustine, lotte, lieu noir, cabillaud, églefin…) est très gourmand en carburant : le gazole représente environ la moitié des charges d’un chalutier. De nombreux navires ne seraient aujourd’hui plus rentables sans les aides de l’État. « Il faut transitionner vers un autre modèle de pêche, pour la filière aval aussi, défend Thibault Josse, de l’association Pleine Mer. Historiquement, les débarquements étaient plus élevés quand il y avait moins de chalutiers, nous sommes en surcapacité. Il faut revenir à une pêcherie hauturière de ligne, sur des espèces à haute valeur ajoutée. » Thibault Josse prédit également la fin de la défiscalisation du gazole de pêche dans un monde qui doit se décarboner. « Mais la fin du chalut va rebattre les cartes des prix et du marché, il faudra être innovant pour soutenir les mareyeurs – qui dépendent aussi du coût du pétrole sans être défiscalisés – et éduquer le consommateur. » D’après lui, la commercialisation doit davantage se faire par le gré à gré, et « la GMS doit arrêter de voir dans le poisson un produit d’appel.Tirer les prix vers le bas, ce n’est vertueux  pour personne. »

Bruno Leduc, dirigeant d’Euronor (dont le lieu noir représente 85 % des débarquements) défend cet outil : « Les armements hauturiers qui ont essayé la palangre s’en sont mordu les doigts, note-t-il en évoquant sans le nommer l’Héliotrope de la Scapêche, chalutier reconverti en palangrier qui n’était alors plus rentable. Le chalut est le moyen le plus efficace et le plus rentable. S’il ne l’est plus, il faut que l’État le soutienne pour la souveraineté alimentaire. » Un défi que soulève également Thibault Josse : « Si la filière amorce la transition pour sortir du chalut, cela fera irrémédiablement augmenter les prix et poussera encore plus les consommateurs vers les produits d’import. » Un défi de taille qui agite la filière, résumé en une formule de Guénolé Merveilleux lors des assises : « Notre patron à tous, c’est le consommateur. »

 

Vincent SCHUMENG

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