Ils sont cinquante-quatre pêcheurs professionnels côté français et plus de soixante-dix côté suisse. Environ 1000 tonnes de poissons sont pêchées chaque année, notamment des salmonidés.
Il est 6h, un jour de février. La nuit enveloppe encore le lac Léman et ses contreforts alpins. Au large, un projecteur perce la toile. Le faisceau lumineux s’épaissit. Le bruit d’un moteur de bateau vient rompre le silence. L’intrépide, un bateau des pêcheries Pertuiset à Meillerie (Haute-Savoie), barré par le patron Jonathan Pertuiset, se dessine.
Âgé de trente ans, il est le fils d’un pêcheur du Léman. Ce métier est une vocation. Une vocation qui lui a même coûté un passage devant un tribunal… Explications. Il décroche sa première licence en 2000, mais il n’a que seize ans. « Je suis donc allé au tribunal pour obtenir mon émancipation », confie-t-il, avec un large sourire. Il a acheté les bâtiments de l’exploitation en 2003. En 2004, il a débuté l’activité. Aujourd’hui, les Pêcheries Jonathan Pertuiset comptent deux pêcheurs (lui et son père) et quatre employés pour la transformation de sa propre pêche et de celle des quatre collègues installés aux alentours.
La féra, star du Léman
« C’est la misère », lance-t-il, ce matin-là, alors qu’il s’approche du ponton. Il vient de relever quelques filets. La pêche n’est pas au beau fixe. Trois caisses gisent au fond de l’embarcation. Quelques féras frétillent encore. « Les aléas », philosophe le Savoyard avant de remettre le moteur en marche.
Méticuleusement, il remonte les filets dérivants alors que les rayons du soleil commencent à se refléter sur le lac. Il attrape les poissons coincés dans les mailles. Ses connaissances, il les a acquises auprès des anciens. Chaque année, la pêcherie transforme 160 tonnes de poissons. 2012 a été une année record, avec plus de 1000 tonnes de captures (environ 60 % sont françaises, majoritairement des féras).
Les données de 2013 ne sont pas encore connues. Selon Michael Dumaz, de l’association agréée interdépartementale des pêcheurs professionnels des lacs alpins (Annecy, Léman et Le Bourget), qui préside le secteur Léman, la pêche se porte bien. « Le marché du poisson est bien développé. »
Les pêcheurs ne sont pas soumis à des quotas de pêches. Ils sont limités dans leur matériel. « Tous poissons confondus, nous disposons de cinquante filets », détaille Jonathan Pertuiset. Des filets de fond pour l’omble chevalier, des filets dérivants pour la féra, des pièges et des nasses - pour capturer des écrevisses et des perches - et des hameçons.
Ils sont également limités par des périodes de fermeture : du 15 octobre au 15 janvier, sauf pour la perche et le brochet, dont la pêche est interdite de fin avril à fin mai. Le renouvellement des stocks de poissons est garanti par un plan d’alevinage. Pendant la fermeture hivernale, des pêches exceptionnelles sont organisées pour le mettre en place.
Jonathan Pertuiset et sa compagne Alexandra Alphonse souhaitent aussi promouvoir les ressources du lac et de la région. « Il n’y a pas que du fromage au Léman », glisse, avec humour, le couple.Ensemble, ilss’attachent à valoriser les poissons et leur lieu de pêche. Ainsi, ils participent au projet de conserveries fines 1890 nature et saveurs (PdM n°144), en fournissant la matière première. Sans jamais tarir d’éloges pour décrire leur environnement de travail. « Que la montagne est belle », déclarent-ils volontiers empruntant à Jean Ferrat, cette douce mélodie.
Thibault QUARTIER
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