Le projet de ferme en cours d’élaboration à Andøya, en Norvège, vise à produire 10 000 tonnes de saumon, dans un premier temps, dans des piscines dépourvues de poux et d’algues.
« Pas de poux, ni d’algues, ni d’évasions. » selon Martin Rasmussen, |
[ Recherche appliquée ] Le projet
Les plus : |
Le développement de l’aquaculture à travers le monde est une réalité, avec l’objectif affiché de répondre à la croissance de la consommation des produits aquatiques. Mais il se heurte à de nombreux écueils, environnementaux ou sociétaux, et la bande côtière offre de moins en moins d’opportunités. La Norvège, pays du saumon d’élevage dont l’industrie cherche à augmenter ses volumes, est particulièrement sensible à ces problématiques. Nombre de projets passent par des installations au large, très technologiques, et donc coûteuses. À l’inverse, la création de fermes à terre est plutôt considérée comme risquée. Andfjord Salmon explore pourtant cette voie avec son projet développé à Andøya, l’île la plus septentrionale de l’archipel arctique des Lofoten. Son concept breveté, dit de « nouvelle génération », implique l’installation de grandes piscines sous le niveau de la mer, dans des carrières adjacentes à la mer. Les piscines sont développées par HighComp, et la première, en cours de construction, mesurera 45 m x 40 m, pour une profondeur de 20 mètres, avec un volume de 30 000 m3. « Le plus qualitatif de notre projet est le fait de disposer d’une eau de mer pure, propice à élever un saumon de grande qualité, couplée avec une faible densité dans les piscines, pour une croissance optimale », indique Martin Rasmussen, PDG d’Andfjord Salmon. L’eau sera en effet pompée à des profondeurs comprises entre 30 et 160 mètres, avec des températures optimales de 7 à 12°C selon la période de l’année. L’intégralité du volume d’eau sera échangée au moins 15 à 17 fois par jour. Avantage majeur de pomper de l’eau à une telle profondeur, outre la richesse en nutriments ? « Elle est en dessous du niveau auquel prospère le pou du poisson, se réjouit le PDG. Et les proliférations d’algues saisonnières, à l’origine de la mort massive de poissons par suffocation, seront également évitées. Par ailleurs, l’élevage du saumon dans les piscines terrestres empêche les évasions et l’éventuelle contamination de population sauvage. » La préparation du site initial de l’entreprise est en cours depuis la mi-2019, avec l’assemblage sur place de la première piscine à partir du début avril, après le transport des panneaux des composants par mer et par route. L’outil de production devait être prêt pour la fin de l’automne 2020. Mais les dernières mesures en réponse au Covid-19 du gouvernement norvégien ont bousculé le calendrier initial. Andfjord Salmon espère désormais relâcher les premiers smolts au printemps 2021. Le volume de production devrait se situer pour la première phase autour de 10 000 tonnes. Mais à terme, l’ambition d’Andfjord est d’atteindre un total de 70 000 tonnes. « Nous avons conçu le système pour mêler les aspects bénéfiques des fermes en mer de celles à terre, poursuit Martin Rasmussen. Et je crois que le nouveau concept nous permettra de réduire les coûts d’alimentation, d’optimiser le bien-être du saumon, et d’assurer une production durable. Nous nous concentrons actuellement sur la tâche principale, qui est de construire et de mettre en service la première piscine. » D’ici 2022, Andfjord espère pouvoir proposer au marché européen un saumon de l’Atlantique norvégien de qualité, « parfait pour les sushis et toutes autres recettes de saumon. Et le meilleur de tout cela, c’est que les consommateurs pourront le déguster en ayant bonne conscience ! »
|