Le syndicat des industriels des produits de la mer écossais poursuit sa stratégie tournée vers la durabilité et l’export. Depuis le 20 avril, le saumon Label Rouge bénéficie d’un nouveau cahier des charges.
Malgré un « contexte de défis » ces dernières années (Brexit, Covid-19, logistique instable, inflation), Seafood Scotland garde le cap. Créé en 1999 par les industriels des produits de la mer écossais, le syndicat fête cette année ses 25 ans. « En Écosse, toute la filière travaille volontiers ensemble : pêcheurs, aquaculteurs, transformateurs… Le secteur fait preuve de résilience. La demande se maintient et les exportations restent importantes », souligne Marie-Anne Omnes, directrice marketing Europe de Seafood from Scotland (la marque collective de Seafood Scotland). Chiffre significatif : 80 % de ce qui est produit et pêché en Écosse sont exportés. L’Union européenne représente le marché de destination principal, en particulier la France. « Les Français aiment les produits de la mer, savent cuisiner et ont de l’appétence pour la qualité. Ils ont aussi des liens géographiques et historiques privilégiés avec l’Écosse », constate Marie-Anne Omnes.
Parmi les principales espèces écossaises figurent le maquereau, la coquille Saint-Jacques, le saumon ou la langoustine. La pêche se pratique plutôt dans le nord-est, quand les élevages de saumon sont à l’ouest. « Le maquereau représente les débarques les plus importantes. Mais si on inclut l’aquaculture, les volumes de saumon arrivent en numéro un », précise Marie-Anne Omnes. Sur le front du saumon, l’année 2023 a été perturbée par l’afflux de méduses, en lien avec le réchauffement climatique. « Cela a entraîné beaucoup de mortalités. Contrairement aux poux de mer, il existe peu de solutions contre les méduses et nous n’avions jamais été confrontés au souci à cette échelle. » Point positif, le souci ne devrait pas se réitérer en 2024, les conditions environnementales étant plus favorables. « Le marché est sûr pour les mois à venir », assure Marie-Anne Omnes. Quant à la locomotive du Label Rouge, elle reste dynamique (lire ci-dessous).
Côté stratégie, Seafood Scotland continue de miser sur la qualité et la durabilité, à la fois environnementales (nombreuses certifications MSC) et humaines (conditions de vie des pêcheurs). À noter que le Responsible Seafood Summit organisé par The Global Seafood Alliance (GSA) aura d’ailleurs lieu cette année en Écosse, à Saint Andrews, du 21 au 24 octobre. L’innovation constitue un autre axe de développement important. « Les produits bruts ont de beaux jours devant eux, mais l’élaboré se développe significativement. Nous avons aussi une réflexion sur le zéro déchet, avec une utilisation du poisson de la tête à la queue ».
Saumon Label Rouge : un nouveau cahier des charges
Le 20 avril, une nouvelle version du cahier des charges No LA 33/90 est entrée en vigueur sur le saumon Label Rouge, après cinq ans de travail avec l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité). Parmi les changements : des smolts plus grands (pour limiter le temps passé en mer, une adaptation liée au changement climatique), l’ouverture à des aliments alternatifs (notamment à base d’insectes ou d’algues), la garantie d’un taux d’omégas-3 (EPA et DHA) supérieur à 10 % dans la chair et la possibilité d’exporter des poissons plus gros, de 6 à 8 kilogrammes, dont les filets sont mieux adaptés aux sushis ou au fumage. « Le Label Rouge est important pour le saumon écossais et il se porte très bien, se réjouit Cameron Sutherland, responsable développement du saumon écossais Label Rouge. Plus généralement, il y a des attentes françaises sur l’origine Écosse et l’histoire du produit. Les Français s’intéressent au lieu exact de la production, à la taille des entreprises, à la traçabilité. »
En 1992, le saumon écossais a été le premier poisson et le premier produit étranger à obtenir le Label Rouge. Aujourd’hui, environ un tiers des exportations de saumon vers la France sont couvertes par ce signe officiel de qualité. « Les producteurs écossais espèrent augmenter la part du saumon Label Rouge dans le volume total des exportations de 12 à 15 % à l’horizon 2026, ce produit de qualité supérieure étant désormais reconnu par les chefs et les consommateurs en Allemagne, au Benelux, en Suisse, en Espagne ou en Italie », précise Véronique Ehanno, chargée de promotion du saumon écossais Label Rouge.
Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL