Fin septembre dernier, le gouvernement norvégien a annoncé une taxe sur les ressources qui s’appliquera à la production de saumon et de truite arc-en-ciel. Une douche froide pour la profession. Quelles conséquences pour le marché en 2023 ?
La taxe sur la rente foncière pour les fermes aquacoles permettant de lever, par an, entre 3,65 milliards et 3,8 milliards de NOK (entre 355 millions et 370 millions d'euros) de rentrées fiscales supplémentaires en Norvège est entrée en vigueur le 1er janvier malgré l'absence de vote parlementaire. Celui-ci n'est pas attendu avant l’été. Les professionnels restent donc toujours dans le flou sur son application exacte. En attendant, dans une déclaration commune fin décembre, l’AIPCE-CEP, association des importateurs et transformateurs européens a exprimé une incertitude concernant « le cadre réglementaire des activités de l'industrie ». Pour rappel, cette taxe s’élèverait à 40 % et s’ajouterait à celles déjà existantes. Selon les sociétés norvégiennes, la taxe totale pour les entreprises aquacoles pourrait atteindre au moins 63 % et, pour la plupart d'entre elles, de 85 à 100 %.
Des conséquences à long terme
« Mowi et le gouvernement ont tous deux l'ambition que l'industrie aquacole norvégienne génère encore plus d'emplois et d'activité économique. (…) En revanche, la proposition du gouvernement d'imposer une taxe sur la rente des ressources à l'industrie aquacole sape complètement ces plans », regrette Ola Helge Hjetland, directeur de communication du groupe. Ce géant du saumon a abattu, sur l’ensemble de l’année 2022, 464 000 tonnes de saumon. « Il ne fait aucun doute que la taxe proposée affaiblira la compétitivité de l'industrie norvégienne. L'élevage du saumon n'est pas lié à la géographie, ce qui signifie que la croissance qui aurait dû avoir lieu en Norvège se fera ailleurs, très probablement dans des pays proches des principaux marchés du saumon, puisque 97 % du saumon norvégien est exporté. La demande en saumon ne va pas simplement disparaître », a déclaré Ola Helge Hjetland à PDM. Le groupe « espère le recul » du gouvernement.
Si l’introduction de la taxe n’aura pas d’impact sur le marché « à court terme » selon Thomas Farstad, P-DG de Milarex, l’un des plus grands transformateurs de saumon , « des questions se posent quant à la volonté des producteurs de conclure des contrats (…) ». « À plus long terme, cela pourrait réduire la croissance de l'industrie, car le gouvernement limitera la croissance pour s'assurer qu'il y a un bénéfice à taxer », estime-t-il. L’homme pense que la taxe n'entraînera pas de hausse de prix immédiate. En revanche, « à plus long terme, la croissance limitée de l'offre garantira que les prix du saumon resteront élevés », ajoute-t-il.
Les transformateurs de saumon européens ont déclaré que ce projet « a détruit le marché contractuel ». Chez Visscher Seafood, aux Pays-Bas, on a noté les premiers effets de la taxe dès le début de l’année avec des problèmes d’apports et des contrats « en attente ». Mais le transformateur se veut « confiant ». Arnaud Deleforge, directeur général de Marine SAS, importateur majeur de saumon reste dans l’expectative. « Je ne crois pas à des hausses de prix pour cette raison. Le poisson est déjà cher. Mais on verra le vrai impact à Pâques. », pointe-t-il.
Darianna MYSZKA