Assurer la croissance du marché des produits de la mer par un travail sur l’innovation, notamment packaging, et sur les relations avec les fournisseurs était au cœur des débats du panel distributeur du North Atlantic Seafood Forum 2017. En Allemagne, l’opérateur de cash & carry Metro mène un travail de réflexion notamment sur les produits de la mer frais. « La catégorie est toute petite, sur nos 106 entrepôts, 60 seulement ont un rayon marée, indique Hervé Streifer, qui gère aussi les produits laitiers, la viande et la charcuterie, les fruits et légumes et le surgelé. En Allemagne, le hard-discount dominant dans la distribution est peu présent dans la marée. Lidl arrive sur le segment et cela changera peut-être la donne. Mais en attendant, beaucoup de produits de la mer sont achetés en surgelés. Or cette année, les problèmes de fraudes en Allemagne, notamment à l’ajout d’eau, n’ont eu de cesse d’augmenter avec la pression mise sur les prix. »
Il dénombre 14 cas en un an, révélés à 50 % par des contrôles internes et à 50 % par des contrôles gouvernementaux qui ont nécessité des rappels de produits. Il appelle à se méfier des prix décalés lors des réponses à des appels d’offres, à resserrer les liens et à jouer la transparence avec les fournisseurs pour ensuite mieux rassurer les clients. « Ils sont de plus en plus intéressés par l’histoire des produits, par l’envie d’en savoir plus sur l’origine », précise Jocelyne Alix, responsable produits de la mer frais au sein de la cellule de sourcing concarnoise de l’enseigne (CTO), qui expédie chaque année 9 300 tonnes de produits de la mer dans 25 pays où Metro est installé. Outre offrir une réassurance sur l’origine non frauduleuse des produits, la responsable sait qu’elle doit rassurer sur la durabilité des poissons, mollusques et crustacés vendus. D’ici 2020, 80 % des volumes des douze espèces les plus vendues devront être certifiés ASC, bio, Fos, GAA-GAP, Global Gap, MSC ou toute autre certification reconnue par The Global Sustainable Seafood Initiative.
Pour l’enseigne, la durabilité touche aussi la question de l’emballage. Afin de réduire de 30 % les émissions de carbone liées aux expéditions et au stockage des produits marée, CTO a fait le choix d’utiliser des boîtes en polypropylène, plutôt qu’en polystyrène, qui ne nécessitent pas l’usage de glace. Alors, pour rassurer sur la fraîcheur, Metro a souhaité communiquer autour de la date de débarque et de livraison. Les informations sont accessibles par QR code à qui le désire. Mais pour communiquer sur la traçabilité, Metro a choisi dans une publicité, primée à Cannes, d’utiliser un vieil emballage du poisson : le papier journal, celui des quotidiens locaux des lieux de débarques. Malin.
Céline ASTRUC
Deutsche See mise sur la transparence ◗ Acteur clé de la transformation des produits de la mer en Allemagne, Deutsche See approvisionne 75 % des supermarchés allemands et 90 % des chefs en poissons frais. Mais de plus en plus, le groupe dirigé par Hartwig Retzlaff souhaite conquérir le grand public via le commerce en ligne. « Sur internet, nous n’avons pas à faire face à la concurrence de la viande, les clients ont tout leur temps pour se renseigner, indique-t-il à l’occasion du North Atlantic Seafood Forum. Pour gagner leur confiance, ce qui se joue dans le temps, nous devons nous appuyer sur ce qui a fait notre succès dans le B to B : à savoir la transparence et la qualité de service. » Déjà pour son offre de surgelés, le groupe a misé sur un skin pack qui met à nus filets et crevettes. « Nos ventes ont progressé de 12,5 %. »
Hartwig Retzlaff, Pdg de Deutsche See. |