Le président de la Région Bretagne souhaite accompagner la construction et le refit de 10 navires hauturiers et semi-hauturiers dans les trois ans à venir.
Après avoir assisté le matin du 4 juillet à la vente des 8,8 tonnes de produits de la pêche côtière, à la criée rénovée de Concarneau (12,5 millions d’euros de travaux), la délégation de la Région Bretagne s’est rendue chez le mareyeur Gallen. « Il y a du poisson, constate Loïg Chesnais-Girard, faisant référence à la bonne tenue de la ressource, bien gérée selon lui. Mais il faut construire de nouveaux bateaux pour la pêche au large, pour retrouver des volumes et redonner confiance à la filière », poursuit le président de la Région Bretagne, revendiquant un rôle moteur de la Région dans ce plan de relance.
Ce port n’a perdu qu’un seul navire dans le cadre du PAI (plan d’accompagnement individuel), le Liberty, un chalutier de 16 mètres. Alors que ce plan a cassé 25 hauturiers des ports bigoudens (et trois hauturiers d’autres quartiers, vendant au Guilvinec), une perte de 5 000 tonnes (sur environ 48 000 tonnes vendues en criées et hors criées) et de 20 millions d’euros est évaluée pour la seule Cornouaille. Globalement, en Bretagne, avec 45 navires détruits, le PAI aura d’inévitables répercussions sur toute la filière.
En fait, les chalutiers semi-industriels des armements Delhemmes, Nicot ou CMB ont disparu ici depuis longtemps, comme les chalutiers hauturiers artisans : le volume débarqué à Concarneau a été divisé par quatre, sombrant de plus de 25 000 tonnes durant l’âge d’or des années 1980 (avec 39 chalutiers semi-industriels en 1986) à tout juste 6 000 tonnes en 2022, en hausse toutefois depuis les moins de 4 000 tonnes de 2019. Si l’histoire n’est pas condamnée à se répéter, pour pouvoir construire en neuf et refiter 10 bateaux, il faudra « dérisquer » les projets, en s’assurant entre autres de leur compatibilité européenne et en contournant notamment, légalement, la clause du gel d’investissement dans un nouveau navire pendant cinq ans pour les bénéficiaires des indemnités du PAI, artisans et armements. La Région entend mobiliser argent public et privé, avec une nouvelle ingénierie financière à élaborer, en plus des outils existants.
Au-delà de ce seul plan de rebond à court terme, Loïg Chesnais-Girard annonce vouloir faire de la Bretagne « la première région de pêche décarbonée dans le monde ».
Lionel FLAGEUL