Une saison particulière pour la sardine

Le 22/11/2019 à 9:50 par La Rédaction

 

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À regarder les chiffres de FranceAgriMer à dix années d’intervalles, on se dit que la pêche de la sardine en France est sur une pente relativement saine : moins de volume mais une meilleure valorisation. En 2009, 19 338 tonnes passaient en effet sur le carreau des criées de l’Hexagone, pour un prix moyen de 0,74 euro/kg. En 2018, on n’en a pêché que 17 218 tonnes mais le prix moyen a grimpé à 0,92 euro/kg pour cette espèce classée à la dixième place en valeur.

La saison 2019 s’affiche dans cet historique comme « bonne mais un peu particulière. Le thon germon a été bien présent tout l’été dans le golfe et encore aujourd’hui, début octobre. Les pélagiques l’ont du coup privilégié et délaissé la sardine. La production est de ce fait en baisse pour les chalutiers de La Turballe et correcte, avec des prix tenus, pour les bolincheurs », explique Yves Foëzon, directeur de l’OP Les Pêcheurs de Bretagne. Rappelons que les bolincheurs cherchent à récupérer la labellisation MSC qui a été retirée à cette pêcherie en mars.

Dans le détail, l’OP, qui réunit les principaux producteurs de sardine de l’Hexagone, affichait au 15 septembre 13 800 tonnes de captures du petit bleu contre 13 300 tonnes à la même période l’année dernière (soit + 3,6 %). À eux seuls, les bolincheurs en ont avalé quelque 12 600 tonnes, soit 91 %.
Davantage de volume au total donc, mais une légère baisse de prix moyen qui était de 0,76 euro/kg en cette fin d’été (contre 0,85 euro/kg l’an passé).

La saison a commencé en juin, alors que le taux de graisse de la sardine était assez haut au goût des conserveurs, et s’achèvera à l’entrée de l’hiver. « À noter que l’OP Vendée est aussi intéressée par l’espèce, notamment pour la conserverie Gendreau, précise Yves Foëzon, ainsi que quelques Basques. Et des bolincheurs bretons ont des licences pour traquer la sardine dans le Pays basque en hiver, pour les conserveurs espagnols. »

Côté consommation, les achats de sardine fraîche représentent environ 3 % des achats totaux de produits aquatiques frais au détail, selon FranceAgriMer. Mais plus de la moitié des volumes est captée dès la première vente par des transformateurs. Une société comme Makfroid à Douarnenez, principal port de débarque (devant Saint-Guénolé, La Turballe, Lorient, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Concarneau), achète de larges volumes pour les congeler à destination des conserveries ou de l’export. La conserverie Chancerelle, elle aussi installée à Douarnenez, apprécie la qualité de la sardine de bolinche en frais (stockage dans des cuves d’eau de mer et de glace puis débarque en conteneurs réfrigérés) pour élaborer ses sardines Label rouge. Mais elle développe par ailleurs régulièrement des produits innovants afin de continuer à faire la différence avec la production marocaine (ou elle est aussi implantée). Entre Dakhla, Safi et Agadir, où se concentrent les usines, on y traite en effet plus de 850 000 tonnes de sardine par an. L’espèce n’est pas exactement la même que celle du golfe de Gascogne et son process différent en conserverie. Mais les ventes sont colossales dans le monde entier avec un marché de 164 millions d’euros.

La célèbre sardine commune (Sardina pilchardus) représente environ la moitié des captures de petits pélagiques en France, qui elles-mêmes représentent 15 % des ventes en halles à marée. En Atlantique, deux stocks (non soumis à Tac ou quota) sont exploités. Des mesures de gestion les encadrent : mesures techniques et limites sur les licences aux senneurs dans les eaux françaises (stock septentrional) et limites sur les efforts de pêche et les captures (stock du sud). La taille minimale de débarquement est fixée à 11 cm.

Dominique GUILLOT

 

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