Spécifiques aux produits de la mer, les écolabels MSC (Marine Stewardship Council) et ASC (Aquaculture Stewardship Council) séduisent toujours plus de professionnels et gagnent en notoriété auprès des consommateurs. Gérés par des ONG (organisations non gouvernementales), ils garantissent une pêche durable pour le premier, les aspects environnementaux et sociaux de l’aquaculture pour le second. Plus récent, le label Pêche Durable (voir plus bas), émane pour sa part des pouvoirs publics français, qui l’ont lancé en 2017. En parallèle, il existe une multitude de Siqo (Signes officiels de qualité et d’origine) historiques, avec chacun sa promesse. Le Label Rouge garantit une qualité supérieure et AB un mode de production biologique. Alors que 24 des 35 kilogrammes de produits de la mer consommés par an par les Français sont importés, jouer la carte de l’origine a aussi tout son sens. L’appellation d’origine protégée/contrôlée (AOP/AOC) est garante d’un terroir – ou en l’occurrence d’un « merroir ». Elle désigne un produit dont toutes les étapes de fabrication sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique qui donne ses caractéristiques au produit. Actuellement, la moule de bouchot de la baie du mont Saint-Michel est le seul produit de la mer à bénéficier d’une AOP. Son cahier des charges garantit une origine, un taux de chair élevé et des contrôles rigoureux et réguliers. Afin de protéger les consommateurs, les mytiliculteurs ont déposé la marque Moules de Bouchot. Les moules ainsi commercialisées doivent être accompagnées d’une étiquette où figure le logo national.
Une meilleure visibilité avec une IGP
Une indication géographique protégée (IGP) désigne un produit dont certaines caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroule sa production ou sa transformation. C’est un label qui protège le nom du produit dans toute l’UE. C’est le cas de l’huître Marennes-Oléron, obtenue en 2009. « Ce signe officiel de qualité nous permet d’être plus souples quant à l’élevage des huîtres. En effet, pour une AOP, l’huître devait être née, élevée et conditionnée dans la région mentionnée. En faisant cela, nous aurions perdu la moitié des entreprises qui pratiquent le demi-élevage dans d’autres régions », indique Laurent Chiron, président du collectif Marennes-Oléron. Avec l’IGP, « nous n’avons pas ressenti d’augmentation du prix. Si le produit n’est pas forcément plus cher avec la mention IGP, il se vend en revanche en priorité par rapport à un produit non labellisé, notamment au moment des fêtes de fin d’année. » En clair, l’IGP garantit et sécurise les ventes. « Notre IGP nous a aussi permis l’accès à divers marchés à l’export. Mais nous nous sommes aperçus qu’une fois entrés sur le marché, les ostréiculteurs préféraient vendre leur marque plutôt que l’IGP Marennes-Oléron. »
Bientôt deux IGP normandes
L’IGP Huître de Normandie est en cours d’instruction. Il faut compter un peu moins d’une année pour rendre l’indication officielle. « Nous avons identifié le potentiel de l’IGP. À ce jour, elle concerne 280 établissements de production et sociétés d’expédition », énumère Jean-Marc Jacquette, chargé de mission au CRC de Normandie. « Cette IGP permettra de faire valoir la qualité du produit et de capter des parts de marché, avec un cahier des charges qui met en lumière la particularité de l’estran normand et les techniques d’élevage. Le dossier a pris son essor en 2008. Nous souhaitions une norme valable pour l’ensemble des huîtres de Normandie et arriver à 50 % du tonnage certifié dans un avenir proche. Cette IGP va nous éviter de perdre du prix. Nous sommes dans un renouvellement générationnel avec un fort dynamisme à l’export. Après, c’est aux professionnels de faire vivre l’IGP. »
Une IGP Coquille Saint-Jacques de Normandie est aussi à l’étude. « Cette IGP va participer à la notoriété de la coquille Saint-Jacques normande car notre production ne cesse d’augmenter », indique Arnauld Manner, directeur de Normandie Fraîcheur Mer (NFM). « En 20 ans, la coquille Saint-Jacques n’a en effet pas progressé en valeur alors même que nous nous sommes réapproprié les marchés en multipliant les volumes par cinq. Il faut que le consommateur prenne conscience de la qualité de notre produit, même si le pétoncle du Canada bénéficie du label MSC. »
Les débuts de Pêche Durable
Initié dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, le label Pêche Durable a été créé en 2017 pour répondre au souhait de la filière de disposer d’un label adapté à l’activité de pêche. Ce label associe un haut niveau d’exigences environnementales (ressource et habitat) à des exigences éthiques et de qualité du produit. Il consiste en une certification de l’ensemble de la filière, de la production au consommateur. Deux catégories de certifications sont prévues, l’une pour l’activité de pêche et l’autre pour la chaîne de commercialisation. À ce jour, deux OP sont labellisées : la Sathoan à Sète et l’OP Vendée, toutes les deux sur la filière thon rouge. L’écolabel Pêche Durable est le seul label reconnu par la loi Egalim, contrairement aux certification MSC et ASC. L’OP Vendée a obtenu l’écolabel en 2019 pour deux palangriers du golfe de Gascogne. « Nous avons choisi une espèce noble comme le thon rouge car c’est un métier de niche et ce label valorise réellement le travail des marins », explique Alexandre Girard, chargé de mission à l’OP Vendée. « Ce label nous permet de savoir si l’on respecte les critères de production. Il est fait pour les marins pêcheurs et l’OP. Nous sommes certifiés sur la partie production. L’ensemble de la chaîne de commercialisation est certifiée : la criée des Sables-d’Olonne, les mareyeurs, etc. Dans le cas du thon rouge, c’est un effort de toute la filière. Nous souhaitons étendre cette certification à d’autres pêcheries, mais nous allons attendre deux ou trois ans avant de nous lancer sur une autre pêcherie avec une autre espèce noble et un métier de niche. Pourquoi pas le merlu à la ligne ? »
Anne-Solveig ASCHEHOUG