Process, emballages et conditionnement : le moins, c'est plus

Le 14/03/2024 à 9:12 par La rédaction

Le marché des équipements reste dynamique sur les produits de la mer, porté par le manque de main-d’oeuvre et la recherche de productivité et/ou d’économies sur les intrants (énergie, eau). Pour les emballages, les enjeux de recyclage et de réemploi font bouger les lignes, notamment sur les caisses marée.

 

Vu le ralentissement économique, on aurait pu craindre un marasme pour les équipementiers et fournisseurs de process ou conditionnement. Or, ils le constatent : pas de ralentissement du marché. À cela, plusieurs raisons : le manque récurrent de main-d’œuvre, la recyclabilité obligée des emballages, les gains de productivité ainsi que, depuis deux ans et plus encore en 2023, la recherche d’économies d’énergie et d’eau dans les process.

Peu de nouveautés chez les poids lourds de la filière. Marel capitalise sur la trancheuse à angles multiples MSC 55 MA et la fileteuse MS 2750, lancées en 2023, avec deux maîtres-mots : flexibilité et modularité. La MS 2750 est conçue pour la transformation du saumon et de la truite pre et post-rigor de 1,5 à 10 kilogrammes. La trancheuse à angles multiples MSC 55 MA vise une gamme large. Des tranches de saumon standards à coupe en D aux portions de saumon fumé à chaud, les filets peuvent être coupés selon un angle de 10 à 70 degrés et une épaisseur de 2 à 60 millimètres.

Gains de rendement

« Notre machine phare, c’est la fileteuse de saumon et truite », résume de son côté Alexandre Herbaut, responsable poisson chez Baader France. Lancée il y a deux ans, elle assure un gain de rendement de 0,5 % grâce à son couteau à double lame en option, réglable numériquement, qui permet une ouverture adaptée, y compris au niveau de la nageoire dorsale. Il note chez ses clients un besoin de flexibilité dans les outils et dans la disponibilité des techniciens et des pièces en SAV. Une tendance grandissante chez les clients devenus de plus en plus attentifs aux arrêts et/ou aux ralentissements de production.

Si la nettoyabilité (grâce à l’absence de guides) est un argument qu’avance Clauger pour vendre son congélateur à spirales Stacker SMO, destiné notamment aux industriels du poisson pané, « le gain de productivité à encombrement égal – 30 % en moyenne et jusqu’à 60 % selon les produits – est un point important », détaille Julien Moy. Mais il met aussi en avant les gains énergétiques. La technologie repose sur des flux d’air horizontaux pulsés sur des bandes percées autoporteuses. Une horizontalité qui fait gagner en aéraulique et en homogénéité de surgélation par rapport aux machines utilisant des flux verticaux. Les buses d’air en hauteur ont été remplacées par celles d’eau, permettant un gain d’énergie en profitant de la gravitation lors du lavage. Le directeur d’activité refroidissement et surgélation de cette entreprise familiale, qui fabrique à Lyon et a racheté GEA, perçoit le marché des industriels des produits de la mer comme porteur. « Il y a beaucoup à imaginer pour gagner en énergie et en eau (demande que l’on ressent tout particulièrement dans le Sud de la France et de l’Europe). Mais cela nécessite un vrai accompagnement à la mise en œuvre et en service après-vente. Nous allons même parfois jusqu’au crédit-bail. Et nous faisons des audits plutôt que de pousser les PME à de trop gros investissements », complète-t-il. Clauger, qui possède 60 agences en France, 20 en Espagne et 3 au Portugal, mise, comme beaucoup d’équipementiers, sur le service. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le personnel des entreprises où les nouveaux matériels sont installés les voit arriver d’un bon œil. Ils diminuent la pénibilité et remettent de l’intelligence dans les métiers », ajoute le représentant de l’entreprise, qui vend aussi des solutions de glazurage.

Vive le SAV

Le SAV, c’est également le levier de développement de Fésia, implanté depuis 10 ans dans les produits de la mer. Initialement positionnée sur les produits carnés, l’entreprise adapte les outils à nos produits, et outre les essais sur place « jusqu’à ce que ça marche », propose une hot-line 7 jours sur 7. « Nous avons aussi doublé notre stock de machines neuves afin de réduire les délais de livraison des machines aux clients », explique son directeur, qui voit le marché produits de la mer comme prometteur. Didier Platz, directeur commercial, insiste sur le nécessaire paramétrage ad hoc : « Quand on sait décongeler des blocs de poisson avec notre baratte Henneken sans casser la fibre et sans que le produit ne colle aux parois, grâce à la forme de ses pales et à son mouvement de balancier, on est capable de faire beaucoup de choses dans d’autres filières ! » Des spécificités des produits de la mer qui influent sur les matériaux de fabrication des machines, puisqu’il faut passer à de l’inox 316 pour résister à la salinité, là où les standards d’autres filières agroalimentaires sont en inox 304. Cette différence n’est pas sans conséquences sur les prix. Fésia a également adapté des injecteuses de saumure en concevant une gamme d’aiguilles spécifiques aux différentes espèces et au taux de salage plus élevé que dans la viande et en modifiant l’injecteuse pour que le salage soit homogène au milieu et sur les bords sans exploser les chairs.

Solidité et fiabilité

On confirme chez Multivac que le marché des produits de la mer est une belle carte de visite. « Nos matériels embarqués en Islande ou en Bretagne résistent à la houle et au sel. Cela donne des gages de solidité », sourit Gilles Adam, directeur technique, qui corrobore le discours de ses confrères sur le marché produits de la mer. David Henriot, responsable national des ventes, relève les motivations des industriels de la filière : réduction des temps d’arrêt et des temps d’attente, économies d’énergie, économies d’eau et diminution de l’emprise au sol (lire plus bas). Des préoccupations prises en compte par Multivac avec l’operculeuse TX 620, la dernière-née de la gamme qui n’utilise plus d’eau pour refroidir les têtes. (La TX 620 était présente sur le stand Usine Agro du Futur du CFIA, NDLR) « Nous avons inclus ces contraintes dès la conception, que ce soit pour les operculeuses ou les nouvelles flowpackeuses », témoigne Patrick Caussel, chef de produits operculage/machines à cloche/flowpackeuses. La réduction de la consommation électrique, de films fins et monomatériau grâce à l’utilisation d’un servomoteur sont autant de critères appliqués à la gamme de thermoformage. Dernier aspect mis en exergue : l’accessibilité pour une meilleure hygiène et un moindre gaspillage d’eau, notamment sur la flowpackeuse W510. « Nous déployons nos améliorations sur toutes nos machines », complète Patrick Caussel, précisant qu’une ligne complète a été présentée au CFIA. Une attention particulière des équipementiers portée au marché seafood qui montre que la filière est en pleine transformation.

 

La course aux mètres carrés et aux rendements perdus cachés

Parmi les tendances chez les équipementiers : le compact. Partout, dans la filière produits de la mer, on cherche à dédier les mètres carrés à la production (lire en pages 57 et 58 de PDM no 223). Multivac l’a bien compris. Et, en réalisant des économies d’échelle sur la production des composants des machines, l’entreprise propose désormais la thermoformeuse R3 : petite, flexible… et financièrement plus accessible que ses prédécesseuses. La R3 se compose de quatre stations : la station de formage, la zone d’insertion, l’outillage de soudure et la zone de coupe. Conçue pour accueillir les films monomatériau, elle est équipée pour éviter les ondulations en bords d’emballage. Le nombre de pièces mobiles a été réduit au minimum pour diminuer d’autant la maintenance. Son châssis renforcé permet de la déménager. La plaque de soudure (20 kilogrammes) a été imaginée pour être changée sans soulever la partie supérieure de la machine.

 

Marielle MARIE et Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

 

 

Retrouvez l'intégralité du dossier dans le magazine Produits de la mer no 223

 

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn
  • More Networks
Copy link
Powered by Social Snap