En moins d’un siècle, le rôle des femmes dans le secteur des produits de la mer a bien changé. S’il reste, comme on le voit sur ces deux clichés, le sourire et la bonne humeur des jeunes îliennes des Hébrides, les métiers ont évolué au gré des espèces travaillées. Le hareng n’est plus le roi de la mer du Nord. Avec 88 000 tonnes capturées par une poignée de gros senneurs et chalutiers des Shetland et de la côte est, à Peterhead et Fraserburgh, le temps des « herring girls », qui étripaient avant de plonger en saumure les « darlings silver », est bel et bien fini.
Place à l’aquaculture, aux Scottish salmon girls : Abby Irish, Camilla Mc Donald et Matilda Lomas. Les deux premières sont biologistes, la dernière les assiste au sein du bureau de Tarbert de la Scottish Salmon Compagny (SSC), sur Harris. La SSC, dont le siège est à Édimbourg, est le grand producteur indépendant de saumon d’Écosse.
Avec près de 200 000 tonnes de production par an, l’or rose fait désormais vivre de nombreux Écossais et Écossaises. Abby et Camilla, telles des anges gardiens, assurent le bien-être et la bonne santé des saumons de la SSC. En 2014, le groupe en a sorti plus de 30 000 tonnes de ses 46 sites d’élevages.
À 45 ans, Abby exerce dans l’aquaculture écossaise depuis une quinzaine d’années, après une formation universitaire en… Afrique du Sud, d’où elle est native. Basée aux Hébrides, elle a la charge de la région nord, soit la moitié des sites. Camilla, sa jeune collègue de 25 ans, également diplômée en biologie marine, s’occupe quant à elle de la région sud, celle des Hébrides intérieures et des Highlands. Elle manage aussi le « cleaner fish projet » pour lequel SSC semble avoir une bonne longueur d’avance sur les autres grands producteurs écossais.
Les deux scientifiques, pédagogues de terrain, intègrent au quotidien les connaissances empiriques mais irremplaçables des personnels des sites d’élevage.
Si le travail est moins physique et moins éreintant que celui des herring girls, stars de l’exposition estivale de Stornoway, pour les 150 ans du port, celui des Salmon girls réclame plus de matière grise. Elles en ont, comme l’illustre parfaitement la réussite du projet des poissons nettoyeurs dans la lutte contre les poux de mer.
Le travail de Su Cox et Fiona Larkin, autres Scottish salmon girls remarquables, respectivement responsable commerciale et communication, et directrice financière de l’entreprise, n’en sera que plus facile.
Texte et photos : Lionel FLAGEUL