" Entre le moment où l’idée de cet embargo et le moment ou le décret est passé, 72 heures seulement se sont écoulées. Pas simple de se retourner, or le marché russe représente 15 % de mon chiffre d’affaires et un peu plus au niveau de la marge.
Ce que l’on perd sur la Russie, on ne va pas à court terme le reprendre ailleurs. Nous faisons toute l’année des efforts pour développer des marchés, notamment pour ces huîtres de gros calibres, positionnés sur des marchés haut de gamme. Nous sommes implantés dans de nombreux marchés du grand export, où il est difficile de vendre beaucoup plus, sans baisser les prix. Mais avec les mortalités que nous avons connues cette année, nous ne pouvons pas brader.
Pour nos partenaires commerciaux russes qui importent des produits de la mer européens, la situation est pire. Ils sont obligés de trouver des alternatives d’approvisionnement sinon ils n’ont plus de business. Logique qu’ils ouvrent leurs portes aux huîtres marocaines ou tunisiennes. Aujourd’hui 99 % des huîtres importées en Russie sont françaises. Lorsque l’embargo s’arrêtera, les nouvelles sources d’approvisionnement resteront, pour au moins quelques tonnes. Nous reviendrons, mais ne profiterons pas d’une partie de la croissance de ce marché. Jusqu’alors, la Russie, nous offrait un débouché en progression de 20 % par an.
Je crois qu’il ne sert à rien de biaiser en cherchant des moyens de contourner l’embargo. Mieux vaut rester dans la légalité et maintenir des liens avec nos partenaires en assistant à des salons en Russie. À court terme je ne vois pas de solution miracle. Nous pouvons juste espérer que l’embargo ne dure pas un an… Et sinon, les seules vraies bouffées d’oxygène pourraient être apportées par l’ouverture de deux gros marchés que sont les USA et le Japon. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain."
Propos recueillis, par C. ASTRUC
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