4 QUESTIONS À STÉPHANE CHERTIER, PDG DE NORDIC SEAFOOD FRANCE

Le 08/01/2014 à 9:44 par La Rédaction

Acteur du négoce de produits de la mer depuis près de 20 ans, le Pdg de Nordic Seafood France revient sur une année 2013 marquée par l’affaire de la viande de cheval.
L’occasion pour ce responsable d’évoquer les actions des professionnels pour lutter contre l’intensification des fraudes dans la filière poisson, alors que la crise économique perdure en Europe.

1- Début 2013, l’affaire de la viande de cheval plongeait toutes les filières agroalimentaires sous le feu des projecteurs. Comment l’avez-vous vécu ?

2- Et les fraudes sont importantes ?

3- Dans cette lutte pour la qualité, est-il utile d’être une filiale du groupe Nissui, second producteur mondial de produits de la mer ?

4- Comment se répartissent les rôles entre Cité marine et vous-même, existe-t-il des synergies ?

 

INTERVIEW

Question 1. Début 2013, l’affaire de la viande de cheval plongeait toutes les filières agroalimentaires sous le feu des projecteurs. Comment l’avez-vous vécu ?

Pour la première fois en 20 ans de métier, les services des fraudes sont passés dans nos locaux. Cela m’a donné l’impression qu’en 2013 la bataille pour la qualité démarrait. Je suis pour l’intensification des contrôles, il est nécessaire d’assainir le marché et de permettre à tous les acteurs de travailler dans un univers de concurrence loyale. Il se trouve qu’en parallèle, les travaux entamés depuis plus de trois ans par le SNCE, le Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés, sur le problème des fraudes par ajout d’eau ont abouti. Depuis huit mois, nous testons les outils qui permettent de les détecter sur les espèces majeures que sont le hoki, le colin d’Alaska, le cabillaud, etc.

Question 2. Et les fraudes sont importantes ?

Sur certaines origines, nous avons été surpris par l’ampleur des fraudes par ajout d’eau. Si le SNCE s’est penché sur le sujet, c’est bien que les professionnels avaient remarqué une amplification de ces fraudes, qui impliquent souvent l’usage d’additifs non déclarés au prétexte qu’ils seraient des auxiliaires technologiques. Mais c’est illégal. Et les conséquences sont doubles. Premièrement, sur le long terme, les consommateurs français qui apprécient le goût du poisson risquent de s’en détourner parce que celui qu’ils achèteront n’en aura pas. Ensuite, les acteurs qui respectent les règles sont presque traités de voleurs par les acheteurs tant le différentiel de prix avec les fraudeurs est grand. Aujourd’hui, je crois que la prise de conscience est réelle et que nous pourrons jouer la carte de la qualité. Cette bataille a un coût. En six mois cette année, nous avons réalisé pour 29 000 € d’analyses. C’est plus que deux ans auparavant où nous avions dépensé 24 000 € sur l’année. Le budget n’est pas neutre pour une entreprise qui réalise 24 M€€ de chiffre d’affaires pour 4 800 tonnes de produits dont le prix moyen excède rarement les 5 €.

Question 3. Dans cette lutte pour la qualité, est-il utile d’être une filiale du groupe Nissui, second producteur mondial de produits de la mer ?

C’est plutôt un atout : 80 % de ce que nous importons, nous le sourçons dans les usines et les multiples sites de Nissui. Nous sommes capables de remonter très rapidement la chaîne d’approvisionnement jusqu’au bateau et pouvons garantir à nos clients une vraie régularité de produit. Si nous détectons une fraude, la réaction du groupe est rapide. La plupart du temps, comme il dispose de laboratoires, nous effectuons les tests avant le départ. La seule difficulté d’appartenir à un groupe intégré comme Nissui reste de convaincre les usines, très tournées vers le marché japonais, de s’intéresser au marché français dont les règles d’étiquetage, de sécurité sanitaire, etc., diffèrent. Quand nous y parvenons, que nous avons obtenu des allocations de quotas, notre marge de négociation avec nos clients est restreinte car le groupe n’a pas de mal à trouver des débouchés ailleurs pour ses captures.
La bataille qui se joue contre les fraudes devrait nous aider à être entendus par les acheteurs. Or, pour Nordic Seafood France, qui ne peut pas trouver des relais de croissance hors de l’Hexagone ni sur des produits trop élaborés fabriqués et commercialisés par Cité marine, mieux vaut ne pas perdre de marchés.

Question 4. Comment se répartissent les rôles entre Cité marine et vous-même, existe-t-il des synergies ?

Cité marine fabrique et commercialise des produits élaborés. Nous, nous sommes essentiellement positionnés sur le négoce de produits bruts. Les rares produits transformés que nous importons sont des crevettes grillées et anneaux de calmar du Vietnam. Nous n’avons aucun intérêt à nous faire concurrence ! Mais, pas à pas, nous échangeons de l’information, notamment sur les marchés, comme celui de la grande distribution que nous souhaitons attaquer un peu plus en 2014. Aujourd’hui, 80 % de notre chiffre d’affaires est réalisé dans les circuits de la restauration hors domicile. Or, un groupe comme Nissui ne peut être absent de la GMS !

 


Pour en savoir plus, découvrez l'intégralité de notre table ronde sur les fraudes à l'ajout d'eau

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn
  • More Networks
Copy link
Powered by Social Snap