La 22e édition du salon de Bruxelles sera l’ultime show de Nelly Masson. Celle que les acheteurs européens – et d’ailleurs – appellent par son prénom, tant la représentante de l’Alaska Seafood Marketing Institute, sur une partie du Vieux continent, a su leur transmettre sa passion. « L’Alaska, c’est tout mon cœur, mon sang, ma chair ! », avoue la dame du Chesnay, qui tire avec appréhension sa révérence à 65 ans.
Qu’est-ce qui prédestinait cette Vosgienne à promouvoir, corps et âme, pendant près d’un quart de siècle, les saumons, pollocks, cabillauds, crabes et autres richesses marines du 49ème État américain ? Seraient-ce les températures glaciales, qui vous forgent un mental de battant, de Saint-Dié à Dutch Harbour ?
Après 16 ans dans l’agroalimentaire, dont 10 ans chez Bongrain, la diplômée de Sup’ de Co’ souhaite relancer sa carrière en 1990. Elle décroche alors un job très convoité : représenter l’Alaska en France, Belgique et Italie. Son premier voyage initiatique suffit. Le coup de foudre est immédiat. En immersion totale avec des pêcheurs de saumon de Cordova, elle découvre aussi l’industrie, où Cliff Philipps, transformateur installé à Ketchikan, deviendra son mentor. Markonsult, sa SARL, créée, elle entreprend un travail au long cours, mettant en relation les acheteurs européens avec les vendeurs américains, sans oublier de valoriser les pêcheries de l’Alaska auprès des médias et des consommateurs.
Elle ne compte plus les voyages qui se sont succédé, vers Bristol Bay, l’île de Kodiak et les Aléoutiennes, Sitka la russe… Avec des cohortes de journalistes et acheteurs dans ses valises. Des visiteurs impressionnés par les paysages et les hommes et femmes si chers à Nelly : ces pêcheurs d’exception tels Tomi Marsh, Bruce Wallace ou Jim Beaton, engagés dans une gestion durable des pêcheries, inscrite depuis 1959 dans la constitution de l’État.
En 25 ans, les marchés ont été chamboulés mais l’Union européenne demeure un débouché essentiel pour l’Alaska. Ses produits se dénichent dans tous les segments de marché, en France, en Allemagne ou en Pologne. Nelly s’était donnée cette mission. Pari réussi. Chapeau bas, à cette travailleuse si modeste, mémoire vive de l’ASMI, all over the world.
Lionel FLAGEUL