“ Nos fournisseurs font le lien entre nos besoins et l’offre ”

Le 19/04/2018 à 11:06 par La Rédaction

 

Geoffroy De Hults,
Responsable des achats produits
de la mer chez Delhaize

 

 

“ Nos fournisseurs
font le lien entre
nos besoins et l’offre ”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présent sur trois continents, le groupe de distribution belgo-néerlandais Ahold Delhaize compte plus de 6 500 magasins. Geoffroy De Hults, responsable des achats produits de la mer, approvisionne en Belgique et au Luxembourg les supermarchés, les magasins de proximité et ceux de la chaîne Shop & Go.

Delhaize : Belgique - Luxembourg, 760 magasins - PDM traités : > 7 000 T/an

ZOOM sur la Belgique

La consommation de produits
de la mer
23,7 kg/an/hab

Les importations de poissons, coquillages et crustacés
338 000 t


Un des principaux débouchés
pour la France.

Le plat pays est la troisième destination, derrière l’Espagne
et l’Italie, des exportations françaises de produits de la mer. L’excédent commercial de la France dans le domaine et avec la Belgique a atteint 56 millions d’euros en 2016, de source FranceAgriMer. Saumons, crevettes et filets de poissons marins forment le trio de tête de ces expéditions.

Le prix, un élément important.
Le baromètre européen sur les habitudes de consommation dans les 28 pays de l’UE pointe du doigt l’importance du prix dans l’acte d’achat des produits de la mer en Belgique. Plus qu’ailleurs, ce critère arrive devant la fraîcheur. Autre critère important : la facilité d’usage.

 

 

 

PdM : Quelle est la place des produits de la mer belges chez Delhaize ?
Geoffroy De Hults : Cela dépend des espèces. L’essentiel de notre poisson blanc, cabillaud, églefin, loup de mer, provient d’Islande. Les captures de la flotte belge ne sont pas suffisantes en volumes. D’une manière générale, l’approvisionnement en produits de la mer locaux est, du reste, très limité en Belgique et les volumes vont plutôt vers des magasins spécialisés et l’Horeca. Nos poissons plats, comme la sole, la plie, la limande-sole peuvent venir de Belgique, comme des Pays-Bas, du nord de la France ou parfois du Danemark. Pour le saumon frais, nous nous fournissons en Écosse. Nos huîtres, pour lesquelles j’aimerais avoir une approche plus locale avec des appellations spécifiques et une histoire à raconter, viennent de France. Quant aux poissons d’élevage, comme le bar et la daurade, la majorité arrive d’Espagne.

Quels critères guident vos achats ?
G. D. H. : Le poisson est pour nous un segment stratégique. En Belgique, l’enseigne détient près de 30 % de parts de marché. La qualité et les volumes sont essentiels à nos yeux. Le groupe n’achète pas sur des marchés spots. Il ne pousse pas non plus vers les magasins ce qu’il aurait acheté. La stratégie est d’avoir des fournisseurs partenaires qui vont faire le lien entre nos besoins et l’offre du marché. En Islande, nos fournisseurs ont, de plus, noué des partenariats très forts avec la filière dans chacun des petits ports du pays. C’est comme cela que l’on peut proposer à 99 % du cabillaud de ligne tout au long de l’année.
Le groupe évolue de plus en plus vers cette stratégie de partenariats et participe à leur élaboration. Je vais me rendre pour la troisième fois en moins d’un an en Islande afin que les producteurs comprennent bien notre besoin et celui de nos clients. De notre côté, cela nous permet de mieux appréhender les opportunités de la pêche locale.

Un modèle à établir en France ?
G. D. H. : Les systèmes sont différents. Les pêcheurs islandais sont propriétaires de leurs quotas. Pour les achats de poissons plats, les ventes se font en criées. En Belgique, aux Pays-Bas, à Boulogne-sur-Mer, nos fournisseurs envoient leurs acheteurs dans les halles à marée pour s’assurer de la qualité. Pour avoir nos volumes, ils couvrent plusieurs criées. Pour les poissons d’élevage, nous avons des cahiers des charges mis en place avec nos fournisseurs. Ces derniers sont responsables de la relation avec les fermes. Nous visitons aussi de temps à autre les piscicultures pour savoir ce que nous achetons et connaître les conditions d’élevage. Travailler avec des grossistes ne signifie pas que nous délaissions l’amont de la filière. Nous nous déplaçons avec nos fournisseurs pour rencontrer les producteurs et aller une marche plus loin dans les partenariats.

Avec combien de fournisseurs travaillez-vous ?
G. D. H. : Pour le poisson frais hors élevage, nous en avons quatre : des partenaires historiques du groupe, situés en Belgique à défaut d’être tous belges. Nous ne leur imposons pas de contractualiser pour assurer l’approvisionnement. Nous leur demandons par contre de s’engager à long terme avec des fournisseurs privilégiés.

Qu'attendent les consommateurs belges ?
G. D. H. : La qualité et la fraîcheur, bien sûr. Le poisson d’Islande arrive tous les jours en avion-cargo depuis Reykjavik jusqu’à l’aéroport de Liège. Quarante-huit heures s’écoulent entre la sortie du poisson du bateau et les magasins. Le poisson n’est pas congelé dans des conteneurs à - 2 °C. Il arrive frais. L’origine et la méthode de pêche sont aussi importantes. Ainsi, nous avons choisi de ne plus vendre de raie actuellement car l’espèce ne remplit pas nos critères de durabilité. Le groupe travaille aussi beaucoup sur la praticité. Nous vendons des poissons entiers mais surtout des dos et des filets.

Propos recueillis par Loïc FABRÈGUES

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