La filière sentait bien que la société Béganton, joyau breton du monde des crustacés dont deux dirigeants sont proches de la retraite, semblait appelée à être reprise.
« Nous n’avons jamais mis de panneaux à vendre, mais nous avons été approchés par plusieurs entreprises, indique Jacques Person, codirigeant de Béganton. Méricq, avec qui nous discutons depuis un an, réunit les critères que nous nous étions fixés pour assurer l’avenir de l’entreprise que nous avons vu grandir. »
À commencer par être une société aux reins solides, dont le capital est familial et dans les mains d’opérationnels de la filière. Chez Méricq comme chez Béganton, les fonds d’investissement font fuir. Enfin, du côté de Roscoff, on souhaitait que « Béganton reste Béganton. Une entreprise intégrée verticalement, pour répondre à la logique de la pêche à l’assiette, qui nous réussit à l’export comme en grande distribution, sur une ressource non extensible comme les crustacés ».
Pour André et Charlotte Abadie, PDG et directrice générale de Méricq, cela fait partie des attraits de Béganton. « L’acquisition de Béganton, qui restera autonome, nous permet de nous rapprocher de l’amont de la filière. Nous sécurisons les apports, non pas en termes de volumes, puisque nous serons un client comme les autres de Béganton, mais en termes de traçabilité. Nous aurons un accès à des informations sur le sourcing, sur les marchés, indique André Abadie. Sur des marchés de plus en plus complexes, c’est important ». Et de confirmer que les moyens seront engagés si nécessaire, tant dans l’armement de Béganton que dans les structures de mareyage et de transformation. Bien sûr, chez Méricq comme chez Béganton, on espère réaliser des synergies. À l’export notamment. « Chez Méricq, le chiffre d’affaires réalisé à l’export est marginal, de l’ordre de 3 à 4 %. Chez Béganton c’est 37 % », indique le responsable, qui espère, lui, développer l’activité de Béganton en introduisant son offre dans les réseaux de la restauration hors foyer et des détaillants que Méricq connaît si bien. « Inutile de rappeler que le rachat ne menace aucun emploi. Mieux : nous espérons créer une dynamique qui nous permettra de recruter. » Pour favoriser la transition, Jacques Person et Hubert Le Bihan accompagneront leurs successeurs le temps nécessaire. Une stabilité importante pour les copropriétaires des 3 bateaux de Beganton et les propriétaires des 4 bateaux avec lesquels le Breton est lié.
Céline ASTRUC
Un acteur de poids
- Chiffre d’affaires : 280 M€ pour 2016. En 2015, Méricq a réalisé 206 M€ et Béganton 60 M€,
contre 170 M€ pour Mariteam-Ocealliance. - Volumes : 35 000 t de produits aquatiques, dont 8 000 t pour Béganton, contre 40 000 t pour Mariteam Oceallliance.
- Emplois : 700 personnes, dont 600 chez Méricq, contre 400 personnes chez Mariteam Océalliance.