La surprise avait été rude pour les pêcheurs au tout début de la saison du thon blanc, fin juin. Le prix moyen, d’environ 2 euros/kg, a été une douche froide : quasiment un euro de perdu par rapport au bon prix moyen de la saison passée. Deux mois plus tard, le marasme demeure dans cette pêcherie caractérisée par une forte variabilité. La paire Le Dolmen et Naoned, de l’Apak (Lorient) a débarqué seulement une trentaine de tonnes de Thunnus alalonga (et un peu de patudo et d’espadon) à Concarneau le 1er septembre, au terme de sa deuxième marée de la saison, d’une durée de 10 jours. Juillet et août ont connu des conditions météo sur zone peu propices à la formation de mattes (regroupements de poissons) dans le sud du golfe de Gascogne.
Les mareyeurs bretons intervenant sur cette espèce (notamment Olamerfish, Acomar, Makfroid, Océalliance…) s’attendaient certes à un prix en baisse, mais pas à ce point-là… En fait, les conserveur espagnols – principal débouché des germoniers espagnols, mais aussi français et irlandais – ont beaucoup de stock, à la fois de boîtes et de thon congelé, depuis la campagne 2022, voire 2021. Sur fond de conjoncture économique dégradée, les méventes se sont accumulées en Espagne. Les stocks des conserveurs français seraient aussi notables, mais le douarneniste Chancerelle, sans doute le plus gros acheteur conserveur de germon
en France, indique juste revoir ses achats à la baisse cette année, sans mentionner de volume. Makfroid (détenu par Chancerelle à 66,7 %), qui en achète bon
an mal an entre 1 200 et 1 500 tonnes, n’a pas capté son volume habituel de thon des Irlandais, moins présents en base avancée à Douarnenez.
Jean-Marie Robert, des Pêcheurs de Bretagne, l’OP française la plus représentée avec 25 chalutiers de Bretagne sud licenciés (AEP germon), espérait une deuxième partie de campagne plus prolifique, sans se faire trop d’illusions sur le prix.
Lionel FLAGEUL
