« Quand je circulais dans Capécure, je voyais ces tas de coquilles Saint-Jacques. Pour moi, c’était juste impensable de ne pas en faire quelque chose. Surtout que la matière est belle », explique Clément Delattre. Jusqu’à il y a deux ans, ce fils de pêcheur étaplois travaillait pour l’entreprise de mareyage Martin. Chaque saison, il voyait les coquilles vides s’amonceler pour sécher au soleil, le temps que les matières organiques deviennent inertes. À l’instar de Kelifos (qui les collecte et les transforme en poudre) – devenu son fournisseur –, le jeune homme n’a pas voulu les considérer comme des déchets mais comme une ressource. Sa vision amoureuse du produit l’a conduit à imaginer un matériau où les reflets nacrés des coquilles pourraient être mis en valeur. Dans son garage, il a travaillé une résine colorée à base de poudre de coquilles (dont il garde jalousement la recette) et dans laquelle il incorpore des brisures de coquilles. Cette résine est ensuite coulée et moulée dans des plaques de silicone pour en faire un matériau rigide qu’il destine pour le moment à de petits objets de décoration. Le résultat final, particulièrement esthétique, rappelle le terrazzo. Pour l’heure, le jeune homme, qui a installé Guscio, son entreprise, dans le village d’arts de Longfossé, espère pouvoir entamer les démarches pour valider la résistance au feu du matériau, par ailleurs étanche. Parallèlement, il a diversifié ses productions, incorporant des coquilles d’huîtres ou de moules. « Le matériau se prête à de multiples applications. La seule contrainte réside dans le moule, que je fais faire sur mesure », détaille-t-il. Il espère développer des partenariats avec des architectes. « Et j’aimerais beaucoup que des restaurants de poissons ou des entreprises de la filière saisissent l’occasion de mettre en valeur l’économie circulaire jusque sur leurs murs », conclut-il.
Marielle MARIE