Suspendu en avril, puis réautorisé par un nouvel arrêté préfectoral du 6 juillet 2023, le chalutage sur les côtes girondines a été interdit par le juge des référés ce 8 août 2023. « Nous gagnons, mais cela n’a pas vraiment de conséquences. Nous avons mis cinq ans pour faire admettre que l’arrêté n’était pas bon. À peine un mois plus tard, un nouvel arrêté était promulgué », résume Philippe Garcia, président de l’association Défense des milieux aquatiques. Dans le viseur de l’association, l’autorisation donnée aux quatre chaluts d’Arcachon de pêcher à moins de trois milles des côtes girondines avec un filet remorqué. Cette pratique est permise par dérogation depuis le milieu des années 1990 sur la majeure partie de la côte girondine, qui comprend pourtant quatre zones Natura 2000. « Les autorisations ont été systématiquement accordées en méconnaissance de la nécessité de “ne pas remettre en cause les exigences de la protection des ressources”, comme l’exige l’article D922-17 du Code rural et de la pêche maritime », indique ainsi l’association. Le nouvel arrêté préfectoral de ce mois de juillet avait pourtant fait un pas en limitant la période de pêche de juin à octobre, contre douze mois auparavant, et en n’autorisant que les chaluts avec des gréements légers. Des mesures insuffisantes pour l’association qui a attaqué derechef. « Ce n’est que de la communication. Si on économise la vie marine sept mois sur douze mais que les cinq autres mois on ravage tout, ça ne change rien », estime Philippe Garcia. Les deux décisions de justice ont été motivées par l’absence d’évaluation des incidences du chalutage sur les sites Natura 2000 concernés. Pour le président de l’association, cette interdiction aurait des effets positifs à long terme. « De nombreux ports comme celui d’Arcachon déclinent. Aux États-Unis, l’interdiction de pêcher au filet dans les trois milles depuis plus de 10 ans montre déjà ses effets. Les poissons sont revenus et la pêche va beaucoup mieux. »
Aurélie CHEYSSIAL