Les oursinades de cet hiver, tant appréciées dans ce coin de France, seront-elles organisées grâce à des oursins de Galice ? Si cette question taraude certains pêcheurs inquiets de voir les stocks diminuer, notamment en Corse, elle ne reflète pas vraiment la réalité, à en croire Charles-François Boudouresque, écologiste marin spécialisé dans l’oursin. « L’abondance des oursins comestibles en Méditerranée n’est pas naturelle, c’est une relique due à la pollution et à la surexploitation de certains poissons pendant des années, rappelle le spécialiste. L’oursin est une espèce naturellement rare en Méditerranée, notamment parce qu’elle a de nombreux prédateurs : des poissons, des mollusques, des crustacés… À partir des années 1960, la surpêche et l’augmentation de la pollution due à l’absence de station d’épuration ont engendré une prolifération de l’oursin comestible. Avec la régulation de la pêche et la création d’aires marines protégées, comme la réserve de Scandola en Corse, le nombre d’oursins comestibles a chuté », poursuit-il.
Pas de « surmortalité massive »
Si l’oursin est aussi menacé par le braconnage, il ne relève pas de « surmortalité massive et générale » liée au réchauffement des eaux, bien qu’il y ait une maladie, celle des oursins chauves. Il s’agit d’une « bactérie qui apparaît de préférence l’été, quand l’eau est chaude », explique le biologiste. « Il peut donc y avoir un effet indirect mais tout dépend de la densité et de la capacité de contact entre les espèces. » Pour protéger cette pêcherie et mieux gérer les stocks, certains, comme ce chercheur, préconisent un contrôle plus strict des pêcheurs amateurs, impliqués dans certains dossiers de braconnage. Une autre piste, non exploitée pour le moment, consisterait à créer des fermes d’élevage. « Ces installations coûtent cher mais quand on voit le prix de la douzaine d’oursins, ça devrait être rentable », conclut l’expert.
Feriel ALOUTI