Thon : l’Armement du Nord face aux défis

Le 01/04/2025 à 10:52 par La rédaction

Mario Lopez, DG de l’Armement du Nord, revient sur l’impact des émeutes et de l’arrêt de la ligne Nouméa-Tokyo : un défi majeur pour la filière thonière.

 

PDM – La Nouvelle-Calédonie a connu, au mois de mai dernier, de graves émeutes. Comment s’est déroulée votre activité pendant cette période ?

M. L. – À partir du 13 mai et pendant 15 jours, la filière était immobilisée. Heureusement, nous n’avons pas subi de destructions et avons pu continuer à pêcher. Les quatre premiers jours, nous n’avons pas eu d’accès au gazole. La route nord-sud a été bloquée pendant trois mois ; nos bateaux, débarquant habituellement à Koumac, ont dû venir à Nouméa.

 

PDM – Quelles ont été les conséquences directes sur le marché ?

M. L. – Les ventes sur le marché local ont diminué de 60 à 70 %. À noter qu’on exporte 20 % de nos produits. On a donc redéveloppé notre clientèle à l’export, notamment en France et en Italie sur le thon germon entier. Le temps que cela se mette en place, nous avons observé une période de battement de quatre mois.

 

PDM – Mais le problème principal vient de l’arrêt définitif de la ligne directe Nouméa-Tokyo.

M. L. – 80 % de nos tonnages de thon jaune (thon albacore, Thunnus albacares) sont destinés au marché japonais. De plus, avec le phénomène El Niño, on note une progression des captures de l’espèce. Habituellement, c’est une bonne période car sa qualité est reconnue au Japon, où le poisson est vendu aux enchères en frais. On est payé cinq jours après la vente. C’est une très bonne opportunité pour nous. En raison de l’arrêt de la ligne, on a dû stocker le thon et le revendre en surgelé. De ce fait, le produit était beaucoup moins valorisé et son prix plus bas.

 

PDM – Comment comptez-vous sortir de cette impasse ?

M. L. – Nous envisagions d’exporter en passant par Singapour ou Sydney mais le coût du fret est exorbitant, soit le double de ce que nous payions auparavant. Nous essayons de trouver de nouvelles directions, comme Bangkok, avec l’ouverture de la liaison aérienne Nouméa-Paris via Bangkok à partir de décembre. Mais il faudra travailler autrement. Il est possible d’envoyer du surgelé par voie maritime en Europe mais le thon jaune vieillit mal et sa qualité se dégrade. Une autre solution pourrait être de développer davantage le marché local avec d’autres types de produits.

 

PDM – Quelles pourraient être les conséquences si des solutions ne sont pas trouvées ?

M. L. – Je veux éviter l’arrêt des bateaux. Nous aurions pu avoir une excellente année mais la fermeture de la ligne a été un coup de massue. Pour l’instant, nous parvenons à trouver des solutions. Je considère cette situation comme un défi et je reste plutôt positif.

 

Propos recueillis par Darianna MYSZKA

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