Sandra Ougier, ancienne doctorante au sein du pôle halieutique de l’Institut Agro, a soutenu sa thèse sur la durabilité socioéconomique des pêcheries thonières tropicales à la senne le 19 mars. Ses recherches font progresser la science grâce à une méthode d’analyse innovante : un suivi des critères de durabilité (état du stock, impact sur l’écosystème…) et une analyse du cycle de vie (ACV) avec un focus sur le bilan carbone. Une attention particulière a été portée sur les dispositifs de concentration de poisson (DCP), utilisés pour 90 % des captures. L’ACV révèle que l’utilisation des DCP représente un impact lourd sur l’empreinte carbone, et aussi du fait des matériaux utilisés pour leur fabrication (plastique, métaux…). Pourtant, cette différence n’est pas évidente en suivant les critères de durabilité des pêcheries. Sandra Ougier pointe que « le DCP est un piège économique » : cette stratégie assure des captures stables et rentables, au prix d’une empreinte carbone plus importante. Cependant, rapporté au kilo de poisson pêché, cette différence n’est pas significative. « La durabilité économique est liée à l’utilisation des DCP », conclut Sandra Ougier.
Concernant les techniques de pêche, la senne a un impact carbone plus lourd que la palangre du fait de l’utilisation de navires auxiliaires, mais la palangre est davantage sujette aux captures accidentelles. Autre impact de la palangre : la dépendance aux appâts vivants, qui implique des captures supplémentaires d’espèces (souvent des poissons bleus) dont les stocks ne sont pas forcément en bon état.
Cette thèse a été soutenue financièrement par France Filière Pêche et Orthongel, récemment certifié MSC (lire dans PDM no 225, p. 50). Sur la certification, Sandra Ougier soutient « qu’elle peut permettre d’améliorer les pratiques de pêche ».
Vincent SCHUMENG