À l’extrémité du marché de Rungis, Éco 2PR a créé une filière de valorisation du PSE sur la zone de tri et de traitement des emballages. Son unité de compactage de polystyrène en provenance de la marée est une première étape. De nouveaux investissements vont permettre à l’entreprise de recycler davantage..
Éco 2PR Localisation : Marché d’intérêt national de Rungis Créateur et dirigeant : Production : 15 à 18 t de PSE compressé par mois Effectif : 2,5 emplois |
Le poinçonneur des Lilas, vous vous souvenez, la chanson de Gainsbourg. Depuis, les métiers ont beaucoup changé. Prenez recycleur de polystyrène expansé, inconnu au bataillon… Pourtant, ils sont une dizaine à sévir en France dont un à Rungis. Éco 2PR, jeune pousse de la pépinière d’entreprises du marché d’intérêt national, existe depuis un an. À 35 ans, son responsable a bien mûri son projet de valorisation du polystyrène et des plastiques expansés. Lui-même connaît la filière pour avoir vendu des caisses PSE et promu des actions de recyclage au sein de la plasturgie durant une dizaine d’années. « L’outil est opérationnel pour traiter les caisses marées issues du pavillon A4 et des plateformes des grossistes spécialisées en produits de la mer. Nous réalisons la première étape du recyclage et fournissons une matière compactée à des sociétés qui font du granulé ou des isolants », explique Clément Spiteri. Et le jeune dirigeant de rappeler la genèse d’une filière d’économie circulaire dédiée à la marée : « Plusieurs tests ont été menés au A4, sans résultats. Stockées dans un espace ouvert, les caisses s’envolaient au moindre courant d’air. Il y avait aussi confusion avec les locaux à poubelles ! Quant à l’idée de sous-traiter le broyage à l’extérieur, elle s’avérait trop coûteuse en logistique jusqu’à l’usine. Le bon sens était de réaliser sur place le pré-traitement. Éco 2PR est né. » Mars 2016, la presse polystyrène est opérationnelle au point E, la zone de tri et de traitement de tous les emballages du Min. La jeune entreprise est en contrat de sous-traitance avec la Coved, société chargée de la collecte et du recyclage. Le modèle économique répond aux objectifs conjoints de la Semmaris et des grossistes, à savoir la réduction des coûts de traitement et le recyclage de déchets valorisés sur place. Après six mois d’exploitation, l’entreprise a déjà traité 65 tonnes de PSE et créé un emploi et demi de valoriste. L’impact environnemental est loin d’être négligeable : « Une tonne de PSE recyclé, c’est 1,3 tonne de fioul économisée », avance Clément Spiteri qui a investi 120 000 euros en équipements. La ligne de pré-traitement comprend un tapis de tri, un convoyeur, un broyeur, une soufflerie qui propulse la matière dans un silo situé au-dessus du compacteur. Ouvert du mardi au samedi inclus, Éco 2PR reçoit chaque jour deux à quatre bennes de la Coved, à 98 % du PSE. La ligne permet toutefois de recycler d’autres résines expansées comme le polypropylène ou le polyéthylène. « Le basculement d’un matériau à l’autre permet de répondre aux besoins, donc de conserver le marché. » Dans l’immédiat, les caisses PSE proviennent à 95 % de la marée. « Avec parfois un crabe en prime ou des restes de poisson… Ce qui nous oblige à trier systématiquement les caisses entières ou concassées qui arrivent en vrac. Gros travail qui reste indispensable avant la mise en ligne », explique le responsable. Le PSE arrive aussi compressé, solution qui permet au grossiste de libérer de la place mais pose problème à Éco 2PR : « C’est la pire des choses. Comment savoir ce qu’il y a au milieu ? L’idéal est de recevoir la caisse entière sur palette mais ce n’est qu’une petite partie de la matière première. » Tout Pdg qu’il est, Clément Spiteri est au quotidien sur le site avec Ali Elvoev, valoriste à temps plein : « Sans lui, l’entreprise aurait du mal à tourner. Le secret est d’être derrière la machine. » Et pour sécuriser l’activité, un compacteur de secours est prêt à fonctionner. « Impossible de s’arrêter une journée », prévient le responsable qui donne la main à son salarié pour charger les pains de PSE compacté sur palette. C’est à 95 % sous cette forme que l’entreprise fournit les recycleurs finaux par camions entiers sur une base de quarante palettes. Comptez environ 400 à 500 euros la tonne de pains de PSE compacté. Parallèlement au pré-traitement du polystyrène, l’entreprise exerce une activité de négoce, « notamment pour fournir les fabricants de granules ou de billes de PSE ». Sur ce terrain de la seconde transformation, Éco 2PR est en cours d’investissement sur un second site, à la fois proche et complémentaire de Rungis : « Faut-il être petit chez soi ou grand chez les autres ? », s’interroge, lapidaire, le responsable dont l’entreprise est en contrat jusqu’en 2018 avec le Min. Bien décidé à pérenniser son activité, Clément Spiteri veut sortir de l’unique débouché des recycleurs. En le devenant lui-même pour cibler les clients du bâtiment et de l’ameublement intérieur. « J’envisage même l’extrusion pour avancer encore dans la valorisation. » Avant cela, une nouvelle machine permettra à Éco 2PR de travailler aussi des cagettes, des bidons ou des fûts à base d’autres plastiques. Textes et photos : Bruno VAUDOUR |
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