Février est souvent l’un des mois les plus faibles et poussifs de l’année pour les grossistes du A4 à Rungis. Les fêtes sont à peine digérées, la consommation n’a pas vraiment repris. Mais sur l’unique module des établissements Péan, Pascal Dufays (au centre) accueille avec sa jovialité habituelle ses fidèles clients, comme cet employé de la poissonnerie du Bac à Paris. Tout en saluant Isabelle, poissonnière dans le Val-d'Oise.
Plus rares sous le A4, surtout s’ils ont confiance en leur grossiste, les clients passent commande sur des répondeurs, disponibles 24 heures sur 24. « Spécialiste de poissons fins, pêche de petits bateaux », annonce celui de Péan dont les poissons, souvent de ligne, viennent de chez Bourbon basé à La Trinité, de chez Raffin installé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie ou d’autres filiales de Vivo Group, de chez Jégo à Lorient. Les saint-jacques, coraillées, arrivent de Quiberon ou Brest, les huîtres spéciales de chez David Hervé…
De quoi conserver le surnom de « Fauchon de la marée » déjà attribué à l’entreprise en 2007 lorsque Pascal Dufays et son associé Philippe Poulain l’ont reprise à Laurent Péan.
Mais l’exigence des complices n’est pas sans risque. Les factures montent vite pour les beaux produits. Une mauvaise série d’impayés auprès de poissonniers en faillite a ainsi conduit l’entreprise en redressement judiciaire, en 2014. Il a fallu deux ans pour redresser la barre. L’année 2017 s’annonce correcte pour Pascal Dufays, qui regarde toutefois d’un œil suspicieux les plateformes des transporteurs, installées à deux pas du A4. Elles attirent trop à son goût une clientèle tentée par les achats en direct aux producteurs. Pourtant, en 2016, c’est sous le A4 que les tonnages de produits de la mer vendus ont légèrement augmenté, quand les entrepôts perdaient. À 55 000 tonnes contre 42 000 tonnes, le A4 de Rungis reste toujours le premier port français.
Texte et photo : Lionel FLAGEUL