Durant 4 ans, 200 vendeurs et plus de 1 500 acheteurs de 8 pays ont réalisé 250 000 transactions sur la marketplace de ProcSea.
1er janvier 2021 Fermeture de la place de marché et bascule vers la mise à disposition de logiciels (informations sur www.logiciel.procsea.com).
|
|
PDM : Quel est votre changement de stratégie ? Renaud Enjalbert : Depuis le premier jour, on croit que la technologie transformera profondément l’industrie, en interconnectant les acteurs et en simplifiant leurs échanges. Et aidera ainsi à faire face aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux. ProcSea a lancé sa place de marché en ligne en 2016. On a mis à l’épreuve la technologie. On arrête d’opérer la marketplace au 1er janvier 2021 pour accélérer la transition digitale de la filière en mettant notre logiciel à disposition de ceux qui achètent, transforment ou vendent des produits de la mer. Nous proposons un abonnement mensuel au logiciel, évolutif, hébergé dans un cloud, sur le modèle SaaS, software as a service. Avec trois modules, achat, vente ou la marketplace complète, selon les fonctionnalités activées. Et l’accès à un outil d’analyse de données, comme la gestion de stocks.
Est-ce une façon de réduire la toile, face à des difficultés dans le contexte actuel ? Bien sûr, la crise nous affecte, nous avons beaucoup de clients restaurateurs. Mais c’est une stratégie pensée dès 2016, dans la continuité de nos actions pour simplifier les transactions. Il fallait d’abord prouver que la digitalisation était possible. La crise accélère ce choix : tout le monde s’interroge sur l’avenir de son entreprise et la digitalisation est au cœur des réflexions. Experts en ce domaine, nous voulons accompagner les acteurs dans ce virage numérique.
Avec quel impact sur l’emploi à ProcSea ? Il y aura probablement des réajustements. Nous sommes une cinquantaine, dont un tiers d’ingénieurs informatique, un tiers de spécialistes métier et les fonctions supports. Les compétences pour opérer une plateforme transactionnelle ne sont pas les mêmes qu’en tant que partenaire technologique de la filière. On s’adaptera.
Fermer la plateforme ne risque-t-il pas de déstabiliser le marché ? Nous y avons réfléchi. En effet, beaucoup de mareyeurs y font des ventes significatives et des acheteurs s’y approvisionnent à 100 %. C’est pourquoi nous ne stoppons qu’à la fin de l’année. Mais c’est transparent, chacun sait à qui il achète ou vend et pourra retrouver ses partenaires, et sinon, on l’accompagnera. Fermer la marketplace est difficile, on y a mis beaucoup d’énergie. Mais on croit beaucoup à cette évolution. On a prévenu les utilisateurs en octobre, quand des grossistes ont migré vers notre logiciel. Surtout que cela impliquait d’embarquer plus de 100 fournisseurs, en Bretagne, à Rungis, en Norvège…
Ces grossistes ont-ils fait ce transfert de bon gré ? Ils le voient comme l’opportunité d’être plus performants, que ce soit pour un usage interne ou, plus tard, du e-commerce. La réponse du marché est très positive, on sent un besoin. Nous avons l’accord de principe d’autres grossistes. La transformation numérique peut optimiser les processus internes, améliorer les marges, renforcer l’attractivité, répondre à des enjeux écologiques. L’outil pilote la logistique avec de la massification et peut appliquer des critères de durabilité comme ceux du WWF, d’Ethic Ocean, Mr. Goodfish... Beaucoup d’acheteurs nous demandent de tels filtres, notamment des enseignes du bio. Le logiciel permet d’assurer la traçabilité des produits, en simplifiant les tâches administratives. En standardisant l’échange de données, avec des acteurs interconnectés, le gain de temps est énorme.
La finalité est d’interconnecter les opérateurs ? Les systèmes peuvent être fermés, mais plus ils seront interconnectés, plus cela fera sens. Calibres, qualités, espèces… Le langage n’est pas le même pour tous, il manque un référentiel commun. Nous pouvons participer avec la filière à créer un référentiel produits, à l’aide de ce logiciel, pour aboutir à une standardisation.
Cela va-t-il jusqu’à connecter des criées ? Ça fait partie des axes, mais sans casser la chaîne de valeur existante. Il s’agit de faciliter les échanges de données standardisées entre acteurs, pas d’en court-circuiter. Chez les premiers équipés, le gain de temps est majeur. Il permet de se consacrer à des tâches à plus haute valeur ajoutée et plus motivantes.
Propos recueillis par Solène LE ROUX
|