Chez Prod Atlantique, le Réseau Le Saint parie sur le LS

Le 13/09/2024 à 9:53 par La rédaction

L’outil industriel marée du Réseau Le Saint est en plein développement. Porté par le lancement de la nouvelle gamme marée libre-service La Belle du Large, Prod Atlantique voit déjà plus grand, avec à court terme un projet d’agrandissement.

Sur sa doudoune, Michel Larsonneur arbore fièrement trois poissons. « C’est un signe d’ancienneté dans le Réseau Le Saint : un poisson au bout de cinq ans, deux après dix ans et trois au-delà de vingt ans, explique volontiers le coordinateur opérationnel du réseau marée du groupe. Les nouveaux savent ainsi où trouver une personne expérimentée s’ils ont une question ». Et de l’expérience, Michel Larsonneur en a à revendre. C’est lui qui a été à l’origine de l’activité marée, il y a plus de 20 ans. En 2002, l’idée sortait des sentiers battus pour le Réseau Le Saint, historiquement grossiste en fruits et légumes depuis sa création en 1958. Pour l’anecdote, dans cette branche, pas de poissons brodés sur les tenues de travail mais… des pommes ! « Un client restaurateur a demandé un jour s’il n’était pas possible qu’on lui livre du poisson, en même temps que le reste de sa commande », se souvient Michel Larsonneur. Bingo ! Dans le groupe, on a le sens du client, du service et du challenge. « Si une demande est compliquée, c’est qu’elle est réalisable ! », sourit Michel Larsonneur. Massifier les flux logistiques entre les fruits et légumes et la marée s’avère judicieux, à la fois d’un point de vue économique et écologique. Denis Le Saint – à la tête du groupe familial avec son frère Gérard – rappelle souvent à ses équipes que « notre métier, c’est la logistique ». Forte d’un solide maillage sur le territoire, l’entreprise est fidèle à la stratégie « de l’escargot » : des entrepôts, la recherche de produits de qualité aux alentours et une livraison au plus proche avec des camions bitempératures. À force de croissance interne et externe – par rachats successifs d’entreprises familiales – le Réseau Le Saint approche bientôt le milliard d’euros de CA. En 40 ans, il est passé de 30 à presque 3 000 salariés. Mais il se veut toujours « une sorte de grande PME » et revendique l’agilité associée. Le groupe appartient par ailleurs au réseau Vivalya, un groupement associatif de PME qui permet de répondre aux appels d’offres des grands comptes de la restauration (Elior, Sodexo, Compass, etc.) sur tout le territoire.

Le « cœur du réacteur » Réseau Le Saint se situe à Guipavas pour les fruits et légumes et à Lorient pour la marée. La première entité produits de la mer a été Top Atlantique. Désormais, il y a des « cousins » sur tout l’arc atlantique, avec une implantation plus récente sur Lyon et Paris. Top Atlantique possède toujours des ateliers à la criée de Lorient Keroman, et c’est là-bas qu’étaient préparées les commandes jusqu’en 2019. Cette année-là, une opportunité se présente et donne naissance à Prod Atlantique, l’outil industriel du réseau. « Marine Harvest cédait son usine, nous avons repris l’outil ainsi que les fileteurs, très expérimentés. Nous y avons ajouté notre touche mareyage », explique Hervé Gourlaouen, chargé de communication marée du groupe. Romain Capet (qui n’a pas – encore – de poisson sur sa doudoune) est le directeur industriel de Prod Atlantique et connaît comme sa poche l’usine de 2 000 mètres carrés. « Notre philosophie, c’est le client d’abord. Si on peut satisfaire une demande, même de dernière minute, on le fait ! », promet-il. Flexibilité, adaptabilité et réactivité font de l’outil une sorte d’hybride entre usine et atelier de mareyage. La veille, seulement 35 à 40 % de la journée de travail sont planifiés. Pour le reste, les commandes sont prises au fur et à mesure. Il y a trois départs par jour depuis l’usine.

Au moment de la reprise, le saumon représentait 70 % de l’activité du site. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé en deçà des 50 % (950 tonnes sur 2 200). Parallèlement, poissons blancs mais aussi poissons côtiers (merlu, lieu jaune, sole, saint-pierre, poulpe, rouget-barbet, sardine, etc.) sont montés en puissance. De quoi exploiter au mieux la proximité avec la criée, située à seulement 800 mètres. Et s’assurer d’une ultra-fraîcheur, avec des poissons pêchés de la nuit.

La Belle du Large prend son envol

La double expertise distribution et mareyage ouvre aussi les horizons, en témoigne la naissance de la toute nouvelle gamme La Belle du Large (lire PDM no 226, p. 66). Développée en seulement quatre mois et demi, elle est dédiée au rayon libre-service, en poids fixe. La plupart des références seront produites chez Prod Atlantique, à l’exception des crevettes, moules et fish & chips, qui le seront chez des partenaires. « Sur un marché des produits de la mer en baisse – 3,59 milliards d’euros en 2023 –, le libre-service est le segment qui résiste le mieux. Il représente désormais 30 % des ventes marée en grande distribution », explique Amaury de Lépinau, directeur filière marée Réseau Le Saint. La nouvelle gamme a plusieurs atouts. La qualité, l’absence d’arêtes et les prix accessibles séduiront le consommateur. Les magasins, eux, seront sensibles à l’argument fraîcheur (jusqu’à sept jours de DLC) et à une prise de commande bien plus flexible qu’en centrale d’achats (jusqu’à 15 heures pour être livré le lendemain). « Nous visons 800 clients fin 2024, soit 80 % de notre parc de magasins actuel sur les produits traditionnels, et un CA de 20 millions d’euros à trois ans pour cette nouvelle gamme », indique Amaury de Lépinau. « Notre arrivée sur le LS s’inscrit vraiment dans une stratégie globale », insiste Jessica Le Saint, responsable marketing marée du réseau.

Aller encore plus loin dans l’élaboration ne semble pas exclu. L’outil industriel s’adapte déjà à ces nouvelles ambitions. Prod Atlantique a pris position sur le terrain d’à côté et prévoit un agrandissement de 1 800 mètres carrés d’ici fin 2025. Cette croissance devrait s’accompagner d’une trentaine de créations d’emplois.

 

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

 

Retrouvez l'intégralité du reportage dans le magazine Produits de la mer n°226

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