Christophe Castel
[ Retour sur le projet ] L’idées Le fonctionnement Le coût |
Depuis un an, le système de récupération énergétique sur centrale frigorifique développé par la SAS Richardeau a révolutionné le quotidien des poissonniers du Super U de Nantes Dalby. L’un d’entre eux, Christophe Castel, poissonnier et blogueur du site chezmonpoissonnier.fr, témoigne : « Chaque jour, pour des questions évidentes d’hygiène, nous changeons la glace du banc marée. Si le matin elle est légère et presque neigeuse, le soir elle est dure, et la couche de 30 cm nécessitait, avant la mise en place de ce système, de gros efforts de manutention pour la casser et l’enlever. La répétition, jour après jour, de cette tâche entraînait non seulement de la fatigue mais aussi des troubles musculo-squelettiques importants au niveau du dos, des épaules, des articulations des poignets et des coudes. Désormais c’est fini, la glace fond toute seule, au cours de la nuit. » Comment cela fonctionne ? Tout système frigorifique évacue par des condensateurs de la chaleur et de l’énergie qui normalement s’évaporent dans l’air. Depuis trois ans, la SAS Richardeau propose à ses clients de recycler cette énergie au sein de leur magasin. « La plupart du temps, nos clients l’utilisent pour chauffer leur magasin, indique Jérôme Bevan, son directeur général. Le système permet de couvrir entre 60 % et 80 % de leurs besoins de chauffage. Mais l’idée d’en utiliser une partie pour chauffer l’eau contenue dans des serpentins placés sur le banc marée pour faire fondre la glace est particulièrement pertinente. » Côté investissement et temps de mise en place, la charge supplémentaire n’a pas effrayé Jean Leroyer, adhérent U et directeur du magasin : « Nous avons investi 20 000 euros dans le système de récupération de chaleur qui permet aussi de chauffer et d’assécher notre sous-sol et ajouté 5 000 euros pour le système sur-mesure de serpentins du banc marée. Mais le retour sur investissement est extrêmement rapide. » Tout d’abord, finis les arrêts maladies liés aux TMS. « Nous nous devions de tout faire pour améliorer les conditions de travail », poursuit Jean Leroyer. Ensuite, comme le souligne Christophe Castel, les trois quarts d’heure utilisés chaque jour pour enlever la glace sont désormais des minutes consacrées à la vente. « Nous ne gênons plus les clients tardifs en enlevant cette glace. Mieux, ils peuvent voir un bel étal jusqu’au moment de la fermeture et oser nous solliciter pour acheter nos poissons et nos crustacés. » Ce n’est qu’à 21 heures, une demi-heure après la fermeture du magasin que l’eau contenue dans les serpentins du banc marée se mettra à chauffer à 85 °C jusqu’à 5 heures du matin. « Le lendemain, la glace a disparu. Nous n’avons plus qu’à enlever le film plastique sur lequel on met la glace, à passer un coup de kärcher pour nettoyer avant de remettre un film plastique et remettre de la glace fraîche et souple. » Enfin, dernier atout, révélé cette fois par Jean Leroyer : « La glace sale, avec les exsudats, était placée dans la cour de service. Mais en fonction du temps, elle pouvait mettre beaucoup de temps à fondre, ce qui n’était pas très agréable. » Employeurs et salariés s’avèrent donc très satisfaits de cette « innovation énergétique ». Magasin pilote pour ce système, le Super U de Nantes Dalby le présentera à d’autres adhérents en février. Ils pourraient se laisser tenter. Le sujet est d’actualité en ces temps de lutte contre le gaspillage énergétique comme alimentaire. D’ailleurs la SAS Richardeau est consultée de plus en plus fréquemment par des enseignes des grandes surfaces. Selon son dirigeant, cinq dossiers seraient actuellement à l’étude. Céline ASTRUC
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