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Organisé le 25 septembre à Concar-neau, l’évènement a été décrié par plusieurs associations (Bloom, Low Impact Fishers of Europe, Pleine Mer et Plateforme de la Petite Pêche artisanale) appelant à célébrer des « funérailles de la pêche artisanale ». Affichant 81 mètres de long avec une capacité en cale de 1 900 tonnes de poisson, le nouveau chalutier-congélateur de France Pélagique, filiale du groupe néerlandais Cornelis Vrolijk, représente selon elles le symbole d’un gigantisme dévastateur à proscrire. Faute de susciter une adhésion unanime, le lancement officiel du Scombrus ouvre en tous cas de nouvelles perspectives à son armateur. « C’est un faux procès qui nous est intenté, se défend Geoffroy Dhellemmes, directeur général de France Pélagique. Nous ciblons exclusivement des espèces dont la biomasse bénéficie d’un fort pouvoir de renouvellement, et qui sont étroitement surveillées et soumises à quotas. » Selon l’armateur, les prises accessoires, réduites à moins de 1 % des captures totales, sont par ailleurs contrôlées à travers les obligations de débarquement. Dépendant à 70 % des eaux britanniques, France Pélagique a obtenu le label MSC en 2006 pour le hareng (Manche est et mer du Nord), et en 2016 pour le merlan bleu (Atlantique nord est). Le Scombrus débarquant ses captures à Ijmuiden et à Scheveningen aux Pays-Bas, son immatriculation à Concarneau représente « un choix de cœur », selon Geoffroy Dhellemmes, 37 ans, 4e génération d’armateurs à la pêche, arrivé au sein de France Pélagique en 2018, avant d’en prendre la tête en début d’année. Originaire du Nord de la France, mais historiquement implantée à Concarneau, l’entreprise familiale détient encore une participation de 30 % dans les trois sardiniers de l’armement concarnois War Raog. Construit par le chantier norvégien Havyard à la suite d’un contrat signé en 2017, le Scombrus a entrepris début août ses premières marées avec un équipage de 35 marins français, placés sous le commandement de Vincent Le Breton. Arrivé en remplacement du Sandettie, navire construit en 1981, et en renfort du Prins Bernhard, second navire de l’armement datant de 1983, le navire-usine représente un bond en avant technologique, « un investissement pour les 25 prochaines années », selon Annerieke Vrolijk, présidente du groupe éponyme. Si le prix du Scombrus demeure confidentiel, il est estimé au bas mot à quelque 50 millions d’euros. Bertrand TARDIVEAU |
[ Une usine embarquée fortement automatisée ] ◗ Malgré les importants besoins de l’usine embarquée déployée par l’équipementier islandais Skaginn 3X, le Scombrus affiche une consommation énergétique optimisée d’au moins 15 % par rapport à son prédécesseur. Pompées à chaque trait de chalut, entre 80 et 120 tonnes de poisson permettent de l’alimenter en évitant tout phénomène de saturation ou de rupture de charge sur un cycle complet d’environ 2h30. Grâce à des machines de triage portées de 6 à 12 lignes, le poisson est rigoureusement calibré, puis ensaché avant un passage dans des fours de congélation à -50°C, avec un système plus performant à plaques horizontales (non plus verticales). Pesant de 22 kg à 24 kg, les blocs de poissons sont ensuite encartonnés et stockés par -25°C dans des cales, qui peuvent accueillir plus de 1 500 palettes, à raison de 52 cartons par palette. « L’automatisation des méthodes industrielles a beaucoup progressé, en particulier sur le conditionnement », constate le capitaine Vincent Le Breton. Les cartons sont commercialisés pour l’essentiel vers les marchés africains et asiatiques, à des prix oscillant entre 30 et 80 centimes du kilo. |