IRLANDE, PRINTEMPS À KILMORE QUAY

Le 21/08/2014 à 12:15 par La Rédaction

 

Le dernier hiver restera dans les mémoires à Kilmore Kay, port coquillier situé au sud-est de l’Irlande. Réputé agité à cause des courants violents, le passage qui sépare les îles Saltee de l’entrée du port s’est déchaîné avec la succession de dépressions très creuses, au point de chasser les flottilles bloquées au port. « Le ressac a transformé le bassin principal en bouilloire et les bateaux ont dû quitter in extremis leur poste pour aller s’abriter à Waterford » relate Yohann Pierard, directeur marketing et commercial de Sofrimar.

Les vents d’une force exceptionnelle ont complètement perturbé la filière au premier trimestre. Les apports ont chuté et beaucoup de pêcheurs ont perdu du matériel. Société de mareyage spécialisée en crustacés, coquilles Saint-Jacques et bulot, Sofrimar a vu son activité chuter de 20 à 30 %, contraignant l’entreprise à mettre du personnel au chômage technique.

Par bonheur, le retour d’une météo plus clémente depuis avril a signé la reprise et l’arrivée de l’été s’annonce sous les meilleurs auspices pour le homard : « La pêche est bonne. Dès la mi-août, le stockage pourra démarrer en vue de la fin de l’année », signale Yohann Pierard. Doté de viviers à tiroirs individuels où logent les homards, Sofrimar peut stocker jusqu’à 16 tonnes. L’entreprise expédie aussi du bigorneau et du couteau vivants mais ses deux points forts sont la chair de bulot cuite et la noix de Saint-Jacques fraîche. Arrivent ensuite le tourteau, la langoustine et dans une moindre mesure les queues de lotte et les ailes de raie. Equipé de deux blast freezer, le mareyeur propose aussi toute sa gamme en surgelé.

En relation avec une centaine de bateaux, sur place et jusqu’en Irlande du Nord, Leslie Bates, le directeur de Sofrimar a une solide expérience des achats. Et il a l’œil ! L’agréage est d’autant plus rigoureux que l’entreprise s’est taillée une réputation  en vivant et en frais. Située à 40 minutes du terminal ferry de Rosslare, Kilmore Quay a la chance de pouvoir toucher la France en A pour B. « On expédie deux camions par semaine, le mardi et le vendredi. Les commandes sont prises avant 13 heures. La production s’effectue l’après-midi, chargement à 18 heures, et le camion prend le ferry deux heures plus tard. La marchandise arrive avant 13 heures à Boulogne et en fin d’après-midi à Rungis » explique Yohann Pierard.

La France représente la moitié de l’activité de Sofrimar dont un tiers pour la GMS. Mais la baisse des exportations vers l’Espagne a conduit l’entreprise vers l’Asie où les marchés progressent gentiment. « En Europe, les volumes sont importants mais stables. Depuis deux ans, nous avons un bureau en Chine. Là-bas, l’échelle n’est pas la même : un seul client peut faire 15 conteneurs de tourteaux… » ajoute Yohann Pierard.

Autre transformateur présent sur le port, Errigal suit aussi l’augmentation de la demande chinoise de tourteaux à partir de son ancrage à Shanghai. Le rachat d’un transformateur local, Clanawley Kilmore Ireland (CKI) a surtout permis à l’entreprise du Donegal d’avoir accès à la pêcherie de coquilles Saint-Jacques de la côte sud-est. « La noix de Saint-Jacques connaît un bon développement depuis trois ans, en partie en France avec des emballages innovants », remarque Maired Roche, directrice commerciale d’Errigal.

Axée davantage sur le surgelé que sur le frais, l’unité de Kilmore traite de la noix de Saint-jacques et beaucoup de langoustines, mais Errigal fournit également du surgelé-bord : « Nous travaillons avec 48 bateaux qui font de la langoustine surgelée bord en saison. Mais ce marché de niche est encombré. De façon générale, il est plus difficile d’innover sur la langoustine car la matière première est chère. Il y a une surcapacité de transformation par rapport aux captures », estime Maired Roche. Si le potentiel du bulot reste important en Asie, particulièrement en Corée du Sud où Errigal est présent depuis des années, la langoustine et le couteau régalent maintenant les Chinois et les Japonais.
Globalement, la balle est dans le camp des pêcheurs car les prix à quai sont fermes. À l’image des armements irlandais qui consolident leur position en aval, Saltees fish reconstruit complètement son site de mareyage à partir de l’existant. Les travaux d’agrandissement des chambres froides et de nouveaux ateliers d’expédition, sont en voie d’achèvement. Propriétaires d’une flotte de coquilliers et de chalutiers à perches, les frères O’Flaherty vendent également la pêche d’autres navires. Leur potentiel de production atteint quelque 3 000 tonnes de poisson frais et de langoustines glacées et congelées bord. L’équivalent de 120 000 caisses par an que l’entreprise familiale collecte sous sa propre estampille. Atout supplémentaire, l’armement effectue lui-même la ramasse et dispose de trois remorques sous température pour exporter chaque semaine via Rosslare. Saltees fish réalise 60 % de ses ventes  au Sud de l’Europe, en France, en Belgique et en Hollande.

Texte et photos : B. VAUDOUR

 

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