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« Un Picard local des produits de la mer » vient d’ouvrir à Nantong, ville de 8 millions d’habitants. Des crevettes aux filets de poisson, seuls des produits surgelés d’importation sont référencés. « Les Chinois sont las de la triche qui existe sur des produits locaux », résume Olivier Nikolovski, Dg de la société d’import-export d’Ocean Treasure, installé en Chine depuis 8 ans. Nouveau, le marché des surgelés cible les classes moyennes et urbaines chinoises parfois tentées par des produits de la mer prêts à cuire. Le gros de la consommation reste plus traditionnel. Ainsi, les têtes de poisson s’avèrent très prisées dans les soupes ; arêtes ou peaux avec chair trouvent des débouchés sur les marchés locaux comme dans les usines de transformation. C’est vivants que les Chinois apprécient le plus leurs produits de la mer. L’huître française, dont l’image est, en plus, celle d’un produit de luxe à la qualité sanitaire irréprochable, en profite et rencontre un vif succès. Mais pour les candidats à l’export, expédier des produits vivants depuis l’Hexagone n’est pas une sinécure. La logistique est coûteuse et « le tri pour sélectionner les produits capables de supporter un voyage de 10 000 km est si sévère que vous risquez d’appauvrir vos autres marchés en produit de qualité », explique Jacques Person. Le directeur général du groupe Beganton a, du reste, fait le choix de limiter ses exportations de tourteaux vers la Chine. Pour se lancer sur le marché chinois, mieux vaut passer « par un importateur », conseille Hélène Hovasse, responsable du pôle agro-alimentaire d’UbiFrance en Chine. En effet, la réglementation sanitaire y est très changeante et exige, outre l’agrément de l’établissement, un enregistrement auprès des autorités de quarantaine du pays, possible depuis www.aqsiq.net. Ensuite, un relais local peut suivre une chaîne logistique à température contrôlée pas toujours performante en Chine. Loïc FABRÈGUES |
[Enjeux]
Tenter l’aventure chinoise, c’est partir à la conquête d’une population urbaine de 700 millions de personnes, l’équivalent de la population européenne, dont le niveau de vie ne cesse de progresser et qui aspirent à consommer à la mode « occidentale », avec le même degré de sécurité sanitaire. À cet égard, les produits français ont une carte à jouer, tant sur les produits de « luxe » que sur des produits plus accessibles. Pourquoi pas ceux issus de la valorisation des coproduits ?
[Le conseil de David Sussmann, président de Seafoodexport]
Depuis 1999, le président de la société marseillaise travaille avec la Chine. Un marché où « il faut démontrer que l’on vient là pour rester. Investir dans le marketing est nécessaire. » Et peut s’avérer payant : « Les clients sont fidèles, même si vous être trop cher. » Dès lors, mieux vaut « s’attendre à de grosses négociations sur les prix ». Sans compromis sur la qualité ! « Ils sont très exigeants sur ce point et disposent d’une grosse expérience dans l’achat des produits de la mer. » Pour éviter tout problème, David Sussmann conseille « au départ, de faire inspecter ses produits par des organismes officiels ».
Le choix des partenaires locaux est très important. « Ils disparaissent parfois très vite. » Pour cela, il recommande aux candidats de réaliser des visites régulières sur place, ne serait-ce que pour suivre les évolutions du marché. « Pour un séjour de moins de trois jours dans le pays, vous n’avez pas besoin de visa. » Enfin, « concentrer ses efforts sur 10 grandes villes, voire sur Hong Kong », peut suffire.