La Turballe voit la vie en bleu

Le 20/04/2017 à 10:24 par La Rédaction

 

Adossée à celle du Croisic, la criée de La Turballe signe sa troisième meilleure saison
en valeur depuis 1979. Un score qui reflète la capacité d’évolution de ses pêcheurs
et ses orientations stratégiques.

En bref

• 9 297 tonnes de poissons débarquées en 2016, stable
par rapport à 2015
• 27 M€ de chiffre d’affaires en hausse de 10,2 % grâce à une hausse du prix moyen de 11,1%
• 107 navires
• 93 acheteurs

 

En été, Alexandrine Morin est là tous les matins. Gérante de la poissonnerie La Piriacaise, elle vient chercher les 200 kg de poissons quotidiens nécessaires à l’approvisionnement de son étal. Hors saison, c’est plutôt deux fois par semaine qu’elle se rend à la criée de La Turballe. « Grâce aux petits bateaux qui rentrent tous les jours ou presque, la qualité du poisson est très bien ici. Meilleure qu’au Croisic. Du coup, je ne vais au Croisic que pour les crustacés. » Complémentaires, les deux criées de Loire-Atlantique se sont partagé le marché, à la demande de la société anonyme d’économie mixte Loire-Atlantique, qui exploite les ports de pêche et de plaisance de La Turballe et du Croisic depuis janvier 2011. Ainsi, les crustacés et produits vivants sont débarqués dans le port d’échouage du Croisic, qui possède des viviers. Et les poissons, surtout les bleus comme l’anchois et la sardine, mettent le cap sur La Turballe.

Spécialisée dans le poisson bleu, la criée de La Turballe dépasse les 27 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 9 297 tonnes de produits débarqués. Sa troisième meilleure performance en près de 40 ans d’exploitation. Un exploit décroché grâce aux augmentations de thon germon, maquereau, bar et seiche venues compenser les baisses de tonnages de 43,8 % sur l’anchois et de presque 8 % sur la sardine, deux espèces historiques de la criée depuis 1837, date à laquelle s’installent sur le port les premières conserveries, dont la dernière a été fermée en 1989.

« Nous avons relancé la pêche à la sardine il y a quatre ans », explique Max Palladin. Le directeur général de la SEM Loire-Atlantique pêche et plaisance se félicite d’ailleurs de la réactivité permanente et de l’adaptabilité des pêcheurs locaux. « En 2005, Bruxelles a fait fermer l’anchois sur toute la façade atlantique jusqu’en 2010. La Turballe a perdu 50 % de sa flotte. Les pêcheurs se sont tournés vers le bar en saison dans la Manche. » L’espèce fournit alors jusqu’à 600 tonnes par an, 20 % de la valeur de la criée, avant que les pélagiques ne soient exclus de la pêcherie du bar en 2013. À cette date, ils se positionnent sur le merlan et redémarrent, en parallèle, la sardine. « Aujourd’hui, on fait 2 000 tonnes de sardines par an », note le directeur. Progressivement, la criée met en adéquation la demande et l’offre grâce au recrutement d’un agent. Cofinancé par la criée et les pêcheurs, il sert d’intermédiaire entre les conserveries françaises et les producteurs depuis quelques années.

Cet agent intermédiaire n’est pas le seul atout de la criée de La Turballe. Démarrée sur l’anchois au début des années 2000, la vente à distance a été étendue aux autres espèces voici quatre ans. Ce complet changement de culture pour les acheteurs historiques, s’impose alors aux yeux des dirigeants. « Ça nous a sauvés, jure Max Palladin. La vente à distance a réinjecté de la concurrence dans les transactions tout en attirant de nouveaux bateaux. » Et par bateau il faut entendre « poisson livré ». « Un camion des Côtes-d’Armor, pour nous, c’est un bateau. Le pêcheur va là où il y a du prix et nous sommes réputés pour nos bons prix sur l’anchois, la seiche, le calmar, le thon et le merlu. »

Bilan : la criée turballaise vend aujourd’hui 34,8 % de ses tonnages à distance alors qu’ils représentaient 4 % à peine en 2013. Un dispositif qui a attiré une clientèle internationale comme le groupe espagnol Roso, premier acheteur d’anchois et également friand de seiche et de calmar ; des acheteurs italiens amateurs de calmars ; et l’alsacien Schaeller, gros faiseur pour la criée.

Reste que c’est au niveau local que la majorité des ventes de poissons se font. Depuis 2012, le territoire a créé la marque « Produit en presqu’île de Guérande » afin de valoriser l’origine locale des captures en l’associant à un haut niveau de qualité. Les criées de La Turballe et du Croisic ont ainsi rejoint les rangs des 44 producteurs qui participent à l’aventure. Elles distribuent à leurs clients poissonniers, mareyeurs, distributeurs et restaurateurs des étiquettes à positionner sur leurs étals. « C’est mieux qu’un label », jure le directeur. Qui estime que lorsqu’on respecte la réglementation sociale, sanitaire et environnementale, on n’a pas besoin d’autre chose.

Textes et photos : Bruno SAUSSIER

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