◗ Si la France occupe la deuxième place au sein de l’Union européenne derrière l’Espagne pour sa production aquacole, elle le doit, aux trois quarts, à sa conchyliculture (plus de 150 000 tonnes par an).
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Directeur général d’Aquanord ichtus, Henri Hellin relance l’élevage de bars et de daurades royales à la ferme de Gravelines, après une période de fortes turbulences. « Nous produisons annuellement 1 600 tonnes de poisson sur un site qui en a produit jusqu’à 2 500 tonnes, explique-t-il. On a choisi de cibler des marchés plus rémunérateurs et de soigner, non seulement la qualité du produit, mais aussi les services apportés à nos clients. De même, nous élevons désormais de gros bars (2,5 kg), dont la croissance est de deux à trois ans, afin d’élargir notre gamme. » Président de Gloria Maris groupe, l’un des rares acteurs français depuis 1992, Philippe Riera a dénoncé avec passion les raisons politiques de la faiblesse du secteur aquacole français, comparé à l’ogre grec en Europe, sans parler de l’Asie. Dans ses fermes marines de Corse, à la différence de Gravelines, il développe les démarches bio et label Rouge qui répondent bien aux inquiétudes des consommateurs. À défaut de quantité, la production française doit se caractériser par son excellence. « La production aquacole chinoise, pas systématiquement respectueuse de l’environnement et des conditions de travail, n’est pas un modèle durable », confirme Thierry Missonnier, directeur du pôle de compétitivité Aquimer. La société Aqualande est, elle, spécialisée dans la truite. Si elle produit 10 000 des 35 000 tonnes annuelles françaises, et si elle pèse 70 % du marché hexagonal de la truite fumée, ce leader reste un petit acteur de l’aquaculture européenne, bien loin de la production de saumon par les Norvégiens (1,2 million de tonnes). Afin de garder le maximum de valeur ajoutée, l’éleveur maîtrise toute la chaîne de production : de l’œuf embryonné au produit fumé final. « Nous affichons nos valeurs sur nos packagings, ajoute le directeur Éric Mezrich, la naturalité et la santé, mais aussi le social et l’environnemental. » Producteur, transformateur et distributeur dans la mytiliculture, Christophe Le Bihan, directeur général de Mytilimer, mise à la fois sur les labels et sur l’ancrage local. « Notre appellation Moules du Mont-Saint-Michel et nos labels avaient déjà pour intention de garder nos producteurs en éveil permanent. » En 2015, le numéro un français de la moule de bouchot (14 000 tonnes par an) lance, sur un marché national stagnant, sa marque « La Cancalaise » qui n’était alors connue qu’en Ille-et-Vilaine. Elle est distribuée désormais par toutes les enseignes en complément des MDD. « Dans le même esprit, ajoute Christophe Le Bihan, nous ouvrons un emplacement à Saint-Malo intra-muros, avec dégustation. » Là encore, il s’agit d’investir sur la visibilité.
Benoît LOBEZ
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