L’aquaculture : petite mais mobilisée

Le 02/07/2015 à 14:27 par La Rédaction

 


 

Si la France occupe la deuxième place au sein de l’Union européenne derrière l’Espagne pour sa production aquacole, elle le doit, aux trois quarts, à sa conchyliculture (plus de 150 000 tonnes par an).

 

Directeur général d’Aquanord ichtus, Henri Hellin relance l’élevage de bars et de daurades royales à la ferme de Gravelines, après une période de fortes turbulences. « Nous produisons annuellement 1 600 tonnes de poisson sur un site qui en a produit jusqu’à 2 500 tonnes, explique-t-il. On a choisi de cibler des marchés plus rémunérateurs et de soigner, non seulement la qualité du produit, mais aussi les services apportés à nos clients. De même, nous élevons désormais de gros bars (2,5 kg), dont la croissance est de deux à trois ans, afin d’élargir notre gamme. »
Président de Gloria Maris groupe, l’un des rares acteurs français depuis 1992, Philippe Riera a dénoncé avec passion les raisons politiques de la faiblesse du secteur aquacole français, comparé à l’ogre grec en Europe, sans parler de l’Asie. Dans ses fermes marines de Corse, à la différence de Gravelines, il développe les démarches bio et label Rouge qui répondent bien aux inquiétudes des consommateurs. À défaut de quantité, la production française doit se caractériser par son excellence. « La production aquacole chinoise, pas systématiquement respectueuse de l’environnement et des conditions de travail, n’est pas un modèle durable », confirme Thierry Missonnier, directeur du pôle de compétitivité Aquimer.
La société Aqualande est, elle, spécialisée dans la truite. Si elle produit 10 000 des 35 000 tonnes annuelles françaises, et si elle pèse 70 % du marché hexagonal de la truite fumée, ce leader reste un petit acteur de l’aquaculture européenne, bien loin de la production de saumon par les Norvégiens (1,2 million de tonnes). Afin de garder le maximum de valeur ajoutée, l’éleveur maîtrise toute la chaîne de production : de l’œuf embryonné au produit fumé final. « Nous affichons nos valeurs sur nos packagings, ajoute le directeur Éric Mezrich, la naturalité et la santé, mais aussi le social et l’environnemental. »
Producteur, transformateur et distributeur dans la mytiliculture, Christophe Le Bihan, directeur général de Mytilimer, mise à la fois sur les labels et sur l’ancrage local. « Notre appellation Moules du Mont-Saint-Michel et nos labels avaient déjà pour intention de garder nos producteurs en éveil permanent. » En 2015, le numéro un français de la moule de bouchot (14 000 tonnes par an) lance, sur un marché national stagnant, sa marque « La Cancalaise » qui n’était alors connue qu’en Ille-et-Vilaine. Elle est distribuée désormais par toutes les enseignes en complément des MDD. « Dans le même esprit, ajoute Christophe Le Bihan, nous ouvrons un emplacement à Saint-Malo intra-muros, avec dégustation. » Là encore, il s’agit d’investir sur la visibilité.

Benoît LOBEZ

 

 

  [ Des fonds et une station expérimentale ]

 

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Yvan Guiton a expliqué que 55 millions d’euros du Feamp
étaient destinés au développement de l’aquaculture pour 2014-2020.

 

Si la Directrice générale des pêches maritimes et de l’aquaculture, Cécile Bigot,
a annoncé que le développement de l’aquaculture était l’une des priorités du programme opérationnel français du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp),
qui sera en place avant la fin 2015, Yvan Guiton (Association des régions de France) a précisé que 55 millions d’euros étaient fléchés vers l’aquaculture pour la période 2014-2020. Les mesures, qui peuvent être régionalisées, bénéficieront aussi bien aux investissements des producteurs
et des transformateurs qu’à la commercialisation ou à la promotion.


 Directeur de la plateforme d’innovation Nouvelles vagues, Philippe Droin a profité
des Assises pour présenter la station expérimentale d’aquaculture qui sera disponible au second trimestre 2016 à Wimereux, au nord de Boulogne. Premier outil de cette dimension en France (1 500 m²), elle est destinée à accueillir de l’expérimentation et de la recherche, individuelle ou collective, menée par des acteurs privés ou publics, en eau de mer comme en eau douce, depuis les phases larvaires jusqu’aux animaux en grossissement.
Aux acteurs de profiter de ce nouvel environnement, tant financier que matériel.

 

 

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